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De Ziama à Sétif ... [13664]

1962 1954 et 1964 | Bertrand CHAUDET

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Film amateur | Bretagne
1/ En 1962, une permission de 24 heures lors du service militaire de Monsieur Chaudet. Trajet de Sétif à Ziama, 75 kilomètres.
La sortie des appelés de la base de l'héliport "Marechal Lattre" à Aïn Arnat (Sétif). Les appelés attendent leur taxi devant la base. Du taxi en marche, un village et son marché.
Un arrêt à Kerrata, la vie locale dans un village, le marché et ses étales, les gorges de Kerrata.
Arrivée à Ziama-Mansouriah, les appelés pique-niquent sur la plage.

2/ Juin 1954. Une course de stock-car sur l'ancien terrain d'aviation de Saint-Brieuc avec beaucoup de voitures américaines issues des stocks américains.

3/ Traversé en bac Saint Brévin (couleur). Une petite fille installée à l'arrière d'une voiture fait signe de la main, souriante. Une femme l'aide à marcher sur le pont du bateau. Les voyageurs regardent le paysage.
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Le film est monté comme un reportage. Le titre annonce « En 24 heures. Sétif-Ziama ». Il s’agit d’un voyage lors d’une permission de 24 heures. C’est le dernier témoignage de Bertrand Chaudet depuis l’Algérie avant son retour en métropole. Il prend la forme d’un film de vacances comme on en voit beaucoup dans le milieu amateur. « Nous n’avions plus rien à faire » précise le soldat-cinéaste amateur (J.-P. Bertin-Maghit, Op. cit., p. 122).
 
La première séquence raconte le voyage entre Sétif et Zamia. Après une vue de l’extérieur de la caserne d’Aït Arnat, près de Sétif, qui abrite la compagnie de réparation d'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT), deux Algériens à dos d’ânes passent devant la caméra en la regardant (TC 19:00:43:23 à 19:00:48:06) tandis qu’une voiture civile sort de l’enceinte militaire en arborant un drapeau tricolore, avec peu de discrétion malgré le contexte de l’indépendance de l’Algérie. Quatre soldats français, avec sacs, lunettes de soleil et appareils photos montent dans un taxi, d’où Bertrand Chaudet filme en vue frontale et en travellings latéraux le paysage dont le pont au-dessus de l’oued Berg (TC 19:00:48:06 à 19:01:55:13) puis plus tard, entre Kerrata et Zamia-Mansouriah, les gorges de Palestro avec un effet de profondeur (TC 19:02:40:07). Il tente même une petite mise en scène par un panoramique alors que le taxi, dont il est descendu, passe devant la caméra. Au-delà du drame de Palestro, où le 18 mai 1956 dix-neuf appelés sont tués dans une embuscade et mutilés et dont la presse et l’armée françaises se sont largement faites l’écho, les paysages, loin de ce que connaît le sergent, sont ici mis en valeur pour le pittoresque et non en tant que sites de guerre. 
 
La halte à Kerrata (TC 19:01:55:13 à 19:02:40:07) est introduite par un plan sur le panneau indicateur et un panorama à l’entrée de la ville. Bertrand Chaudet, à distance, fait d’ailleurs beaucoup de panoramas de droite à gauche, notamment pour enregistrer le quotidien et l’effervescence de la rue : des Algériens sont attablés devant une pompe à essence et une jeep, ici un rémouleur, là deux femmes européennes passent devant trois hommes, le plus âgé les suivant des yeux, contrairement aux deux autres regardant la caméra. Enfin, sur le marché les soldats discutent le prix des fruits (TC 19:02:27:06). À l’autre bout de la guerre, l’image cliché de l’Algérien subsiste malgré sa victoire qui l’a amené à son indépendance. J.-P. Bertin-Maghit écrit que Bertrand Chaudet « imprime à cet instant sur la pellicule » une « vision occidentale plus ou moins romantique de cet Ailleurs reproduisant les clichés qui s’attachent à l’Arabe nonchalant et inactif. » (Op. cit., p. 185).
 
La seconde séquence, plus courte (TC 19:03:12:15 à 19:04:01:13), montre un moment de détente et de convivialité, pour les hommes en maillot de bain, sur la plage de la station balnéaire de Zamia-Mansouriah. Mais, comme le suggère J.-P. Bertin-Maghit (Op. cit., p. 161), baignade et pique-nique ne rompent pas nécessairement l’isolement social des soldats.
Bertrand Chaudet (1940 - ) est né à Saint-Quay-Portrieux.
Il est garagiste à Binic, comme son père. C’est également ce dernier qui lui transmet sa passion du cinéma amateur. Après-guerre, comme beaucoup de pères de famille, Raymond Chaudet filme des moments privilégiés au sein de sa famille mais il filme aussi ses passions : courses de chevaux, courses cyclistes, voyages, visite au Bourget, le dernier voyage du petit train à vapeur des Côtes-du-Nord (d'Armor aujourd’hui), en décembre 1956, reliant Saint-Brieuc à Paimpol. Alors propriétaire de son garage, il libère l'espace de son atelier, sort l'écran et projette ses films en 9,5 mm pour la famille et les habitués.

Bertrand Chaudet, passionné de voitures, filme des courses de stock-cars dès 1954. Appelé en Algérie de février à septembre 1962, il est affecté sur la base d’Aïn Arnat près de Sétif, à un peu plus de 200 km à l’Est d’Alger, en tant que mécanicien au sein de la 674ème compagnie de réparation d'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT), avec le grade de sergent.
À propos du 5 juillet, il se souvient : « Nous étions consignés le jour de l’indépendance. Par la suite ça se passait doucement ».

Il commande par correspondance à la société Photo-Club de l’Europe de Paris une caméra Cinégel 9,5 mm, la même que son père, de la pellicule, et, en continuant de faire des photos, il filme son quotidien de jeune appelé. Il confie à la réalisatrice Marie Hélia : « J’étais le seul à filmer avec ma caméra. Je me cachais un petit peu quand même. » (Bobines d’amateurs, 2004). À l’époque, il envoie ses films en métropole pour être développés et être visionnés à son retour, le matériel de montage et de projection étant déjà chez ses parents.
De retour en France, il monte lui-même ses films en suivant un découpage plan par plan selon les conseils de manuels pratiques tels que "Construire un film" de Pierre Langlade (Paris, Prisma, 1953).
Plus tard, il montre ses images, à Rennes, aux anciens de l’Aviation Légère. Il est parmi les premiers déposants à la Cinémathèque de Bretagne, motivé par la conservation de la mémoire que l’association permet.


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