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Films
en accès libre

Dimanche 30 mai 2010

 

Appareil photo et caméra en mains, la Cinémathèque de Bretagne a arpenté l'estran pour se rendre à l'île de Ledenez Vras, située en face de Molène. Elle est connue pour avoir été jusqu'à une époque récente le refuge des goémoniers dont subsistent des habitations. Cette histoire a fait l'objet le même jour d'un récit détaillé de Jean-François Rocher, maire de Molène et ancien goémonier.

 



Le ramassage du goémon est depuis longtemps une activité importante sur l’archipel Molénais. M. Rocher, ancien goémonier sur le Lédénez de Molène et actuel maire de l’île témoigne.

Le goémon a pendant longtemps servi à produire de la soude, des engrais, aujourd’hui les alginates sont davantage utilisés dans l’alimentation et les cosmétiques, mais ça reste une activité productrice de richesses.

Au départ, ceux qui faisaient du goémon leur métier ne venaient pas de l’île Molène. C’étaient le plus souvent des gens du continent qui restaient cinq à six mois sur les îles de l’archipel, de mai à octobre.

 


Brûlage du goémon sur le Lédénez de Molène. Extrait du film "Le Roi Gradlon au Stiff" d'André Mocaër (1948)

Jusque dans les années 50, le goémon était brûlé dans des fours pour faire des pains de soude. Le métier était dur car il y avait beaucoup de manipulations et de chargements. Les goémoniers habitaient à plein temps sur l’île où ils travaillaient, et souvent, leurs familles venaient leur donner un coup de main pendant les vacances scolaires. On voyait alors des femmes et parfois des enfants travailler.

 

Les femmes ainsi que les enfants des goémoniers participaient aux tâches à terre. Extrait du film "Les goémoniers de Molène" de Roger Dufour (1956 environ)

Au début, les goémoniers étaient très mal considérés par les Molénais, essentiellement pêcheurs et fiers de leur métier. On s’en méfiait et on leur portait très peu d’estime : on avait coutume de dire qu’ils étaient des hors-la-loi bannis du continent. Et pourtant, on reconnaissait la pénibilité de leur labeur.

Avec le temps, le métier s’est développé techniquement. Certains Molénais se sont mis à faire les marées de goémon à cause de la baisse des revenus de la pêche. Le temps était divisé en deux : en hiver la pêche, et en été, le goémon. Sur le Lédénez de Molène vers la fin des années 60, trois goémoniers de Molène et huit de Lilia-Plouguerneau travaillaient côte à côte. On se donnait des coups de main, on allait au bal ensemble, on se fréquentait. La rivalité s’était transformée en en mixité qui allait parfois jusque dans le mariage : quelques Molénaises ont marié des goémoniers.

Après avoir fait la pêche pendant cinq ans, je me suis mis au goémon en 1968. A mon époque, les conditions de travail avaient déjà un peu évoluées : on ne brûlait plus le goémon. Mais ça restait tout de même un travail de manipulation, de chargement qui se pratiquait par tous les temps, au rythme des marées. On travaillait en binôme, et chacun avait un rôle bien défini : le plus jeune apportait le cheval et devait s’en occuper et le plus vieux, le plus expérimenté, apportait et entretenait le bateau.

 



La cueillette en mer à l'aide de la faux appelée "pigouille". Extrait du film "Ici finit la Terre" de Corentin Beauvais (1956)



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Le retour à terre avec la cueillette du jour sur l'île de Quéménez. Extrait du film "Quéménez" d'Hervé Péron (1967)


On commençait par la cueillette en mer au moyen d'une faux appelée "pigouille" ou "guillotine" : il fallait se pencher par dessus bord pour ramener le goémon à l'intérieur du bateau. C'était dur et souvent dangereux. Arrivé sur l'île, il fallait décharger la récolte sur une charrette puis la remonter sur la dune où elle était étalée pour un premier séchage de deux jours. On regroupait ensuite le goémon en petits tas appelés "tozels" pendant encore deux jours. Il fallait à tout prix éviter qu'il se réhumidifie, sans quoi tous les alginates recherchés étaient perdus. Enfin, on cassait ces "tozels" et on rassemblait le goémon en grands tas où il finissait de sécher pendant quatre ou cinq jours avant d'être envoyé sur le continent pour y être vendu.
Aujourd'hui, le goémon est vendu humide aux usines du continent et les goémoniers rentrent chez eux après la journée.



 

 


L’habitat des goémoniers a changé au fur et à mesure des évolutions du métier. Extrait du film "Goémoniers à Béniguet" de Corentin Beauvais (1955). Photogramme extrait du film "Les goémoniers de Molène" de Roger Dufour (1956 environ).

 

Les ruines de l'habitat primitif subsiste encore, ici sur le Lédénez de Molène. Photo Cinémathèque mai 2010


L'habitation au toit plat construit par Zogia, et au second plan, une des baraques amené de Brest au début des années 70. Photo Cinémathèque 2010

Une des maisons construite par le Parc Régional d'Armorique en 1976. Certaines ont été habitées jusqu'à 2007. Photo Cinémathèque de Bretagne mai 2010

Les premières habitations étaient construites par les goémoniers eux- mêmes, avec les moyens du bord. Ils utilisaient les trous entre deux rochers, ou construisaient des cabanes sommaires avec une coque de bateau retournée en guise de toit.

Autour de 1953, un architecte Italien du nom de Zogia qui vivait sur Molène a construit sur le Lédénez de Molène des petites habitations en dur et au toit plat. Puis en 1971, la mairie de Molène achète des baraques de la reconstruction à la ville de Brest. Plus grandes elles permettent au goémonier d’accueillir sa famille. Enfin, en 1976, le Parc Régional d’Armorique installe des maisons en bois plus modernes. Dans le même temps d’autres aménagements viennent compléter les infrastructures du Lédénez : une cale qui permet de débarquer le goémon à n’importe quel moment de la marée, une citerne d’eau pour l’autosubsistance, etc.

La mairie de Molène louait le terrain et la maison aux goémonier au prix d’une tonne de goémon sec vendue sur le continent, par année. Des familles de goémoniers ont habité dans ces maisons jusqu’en 2007.

 


Sur l'île de Balanec : des bateaux sont équipés des premiers scoubidous hydrauliques. Le meilleur moyen de déchargement du bateau reste malgré tout le cheval. Extrait du film "Goémoniers" de Paul Masson (1974)

Un outil, appelé « scoubidou » a véritablement révolutionné le travail des goémonier dès la fin des années 60. Le « scoubidou » est une sorte de vis autour de laquelle on enroule l’algue, et que l’on remonte ensuite pour l’arracher. Cet outil permet de ramener le goémon à bord du bateau sans se pencher et pratiquement sans efforts.

Dans les années 70 apparaît le « scoubidou » hydraulique : la force de la machine décuple encore le poids que l’on ramène à bord. La taille des bateaux a aussi augmenté : on est passé de bateau de 7 mètres à 10 mètres pour l’installation de bras hydraulique.

Mais le « scoubidou » possède aussi des désavantages : il faut démêler le goémon avant de l’étaler pour le faire sécher, et comme la plantule de l’algue est arrachée et non coupée, celle-ci repousse moins vite.

 

Dernières Actus

Présentation de la Résidence

La Cinémathèque en résidence sur l'île Molène du 25 mai au 1er juin 2010




La Cinémathèque conserve en dépôt une trentaine de films sur l'île Molène et son archipel. Nous avons décidé d'aller directement sur l'île pour tester un type de résidence de documentation.

Le but était d'enrichir au mieux les films et de comprendre la valeur des images grâce aux témoignages des Molénais. Nous projetions les films à des petits groupes de trois ou quatre personnes qui nous apportaient leur connaissances sur les activités présentées à l'écran, et qui nommaient les personnes reconnues. Nous voulions également aller au-delà, cerner les particularités du territoire et comprendre les réalités passées et présentes de l'île, avec comme point de départ ces images amateurs.

Ces pages sont celles du carnet de bord de l'équipe qui a mené cette expérience. Elles présentent, au fil des journées, l'organisation du travail, les rencontres, les témoignages, des extraits de films projetés en rapport avec les thématiques abordées.












Il faut préciser que les témoignages reproduits ici sont une synthèse des longues entrevues qui ont été de cours pendant la résidence. Même si certains propos sont entièrement attribués à une personne unique, dans un souci de rigueur scientifique, nous avons projeté les films à plusieurs personnes différentes pour croiser les témoignages. Les propos reproduits ici sont la synthèse de ces croisements.

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