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Films
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      • Les films des résidents français : archives d'une présence en Algérie

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        En plus de la présence militaire, la colonisation est également caractérisée par une installation de populations civiles sur un sol étranger. Beaucoup de familles quittent la métropole pour s’y installer, en apportant avec eux leur mode de vie, leur savoir-faire, leurs traditions et, parfois, leur caméra. Par ailleurs, l’Algérie occupe une place particulière dans l’empire colonial français puisqu’elle est considérée comme appartenant pleinement à la France, avec une organisation administrative et territoriale sur le modèle de la métropole. Parallèlement à cela, les films montrent le mode de vie des Européens installés dans la colonie, quelque peu modifié par rapport à ce que l’on peut trouver en métropole. 

        Les cinéastes filment la plupart du temps des éléments assez similaires à ce que l’on trouve pour la métropole : leur famille, leur lieu de vie et les alentours immédiats, leurs engagements dans la vie quotidienne, des installations et bâtiments sortant un peu de la norme, etc. 

        Dans cette partie, il est proposé une approche thématique pour découvrir les films des amateurs français résidant en Algérie.

         

        Les terrasses : un lieu de vie, un lieu symbolique

        Le cadre de vie des Français en Algérie se trouve en général dans des maisons, de type villa, peu chères à l’achat, et offre un lieu idéal pour filmer : la terrasse. En effet, en plus de la vue panoramique de la ville qu'elle permet, elle est un espace central de l’habitation, voyant défiler toute la journée l’ensemble de la famille. 

        La terrasse est un lieu très propice pour les Occidentaux qui souhaitent vivre tranquillement en Algérie, ils sont en ville et en même temps un peu à l’écart, au-dessus du centre urbain. Le réalisateur algérien Merzak Allouache a sorti en 2013 un film appelé Les terrasses, dans lequel il reprend exactement le même principe que les films amateurs : suivre la vie animée sur ce lieu, rythmé par la vie de la ville et la vie de famille. Une des personnes suivies est un homme ayant vécu la guerre d’Algérie et qui doit gérer son traumatisme en plus de sa démence.

         

        Marcel Fraisse

         


         

         La médecine : Un marqueur de la colonisation ? 

        Parmi les savoir-faire apportés par les colons, la médecine tient une place particulière puisqu’elle tend à remplacer des médecines traditionnelles. L’installation de médecins est donc un marqueur de colonisation, et certains, possédant une caméra, filment leur vie quotidienne de médecin.

        Alain Lefort, médecin, fait le choix de ne tourner que dans le cadre privé, ce qui limite la perception des apports de pratiques de la métropole à la colonie. Médecin et militaire de carrière, il filme également un défilé de l’armée en 1955.

        Albert Weber, quant à lui, réalise des films médicaux et sanitaires amateurs. Dentiste de formation, il ne filme pas ses propres interventions médicales, mais il accompagne d’autres médecins en mission, notamment pour des consultations ophtalmologiques et une campagne de vaccination.

        La présence civile et militaire est un élément important pour la santé publique en Algérie, puisque les professionnels de santé peuvent exercer leurs compétences médicales mais également mettre en œuvre des politiques de santé publique telles que la vaccination. Il pourrait être intéressant de rapprocher ces films médicaux et sanitaires amateurs de films professionnels, réalisés par les services cinématographiques des armées. La plateforme pédagogique et de recherche en Histoire de la santé MedFilm, à l'initiative de l’épidémiologiste et historien des sciences Christian Bonah, met à disposition un large panel de films de ce genre. Certains films professionnels se rapprochent assez de ces thématiques médicales, vaccinales ou chirurgicales ; d’autres se concentrent plus sur la santé en général en temps de guerre. La santé publique fait partie du processus de colonisation et d’intégration de l’Algérie à la France.

         

        Alain Lefort         Alain Lefort         Albert Weber         Albert Weber         Albert Weber

         


         

        Un suffrage universel dans le contexte de guerre

        Si le processus démocratique s'applique progressivement à la population locale après 1945, il n'en demeure pas moins que l'expression politique des Algériens est volontairement limitée par la France. Pour les autorités coloniales françaises, il s'agit de garder le pouvoir sur une population algérienne plus nombreuse que la population des résidents et colons français. Le statut spécifique de l'Algérie maintient l'existence d'un collège électoral de "musulmans", non citoyens, aux membres restreints, et d'un collège électoral dit "européen" (en fait français), de 1947 à 1958. 

        Cette année là, de nouvelles ordonnances les suppriment et les fusionnent dans un suffrage universel appliqué à toutes les femmes et tous les hommes, mais considéré comme une mascarade par les leaders indépendantistes. En 1959, Albert Weber filme une élection, celle des municipales de Laghouat, dans un contexte délicat, celui de la guerre. 

         

         


         

        ◆ L'école, hors champs du cinéma amateur

        L'école coloniale n’est pas très présente dans les films amateurs tournés en Algérie. Mis à part Albert Weber qui filme en 1959 deux fêtes scolaires à Laghouat, aucun cinéaste de notre corpus ne se risque à cet exercice. La fonction d’institutrice d’Andrée Weber, femme d’Albert avec laquelle il s’est marié en 1955, a probablement facilité ces tournages.

        L'école est donc un lieu d’encadrement fondamental pour le gouvernement français en Algérie durant le conflit, mais le cinéma amateur n’y est pas beaucoup présent, au contraire. Par ailleurs, ce cinéma amateur ne se concentre que sur des « évènements » scolaires, tels que des fêtes.

        Parmi les engagements associatifs, on retrouve encore une fois Albert Weber et sa caméra lors d’une Sortie de Pâques de l’Amicale laïque de Laghouat, du 27 mars au 2 avril 1959. L’Amicale laïque est une organisation fondée en 1947 pour l’accès au sport et à la culture, notamment pour les jeunes. Ici, l’association encadre les élèves d’une école de Laghouat durant une semaine entière aux oasis du Sud, aidée par les enseignants. 

         
        Albert Weber         Albert Weber

         


         

        Filmer le fait religieux : Un enjeu de la présence coloniale en Algérie ?

        L'Algérie est un espace islamisé depuis le Moyen Age, mais qui possède sur son sol un certain nombre de minorités religieuses, dont des chrétiens, des juifs et des croyants/pratiquants d’autres systèmes religieux plus ancestraux dans certaines tribus. Néanmoins, la présence européenne bouscule quelque peu les rapports de force religieux, notamment avec la mise en place de missions évangéliques et d’associations gérées par du personnel religieux. Bien qu’ils ne soient plus subventionnés par l’État depuis les lois de 1901 et 1905, sur les financements des cultes et de la reconnaissance des cultes, les religieux européens sont toujours présents et s’impliquent dans l’encadrement de la société coloniale. 

        Deux films autour de cette thématique témoignent de cette dimension religieuse, si l’on exclut les plans d’églises, de synagogues et de mosquées qui sont présents dans beaucoup de réalisations. Le premier est le film Première sortie scout des Pères blancs d’Albert Weber, tourné entre 1937 et 1938. Le second film, Congrès eucharistique d'Alger d’Emmanuel Vaillant, tourné en 1939, est un peu particulier puisqu’il s’agit d’un film documentaire à mi-chemin entre amateur et professionnel. 

         

                 

         


         

         L'exploitation coloniale mise en scène : Les grands travaux

        Souvent utilisés comme argument favorable à la colonisation, il est important pour les cinéastes installés en Algérie de filmer les grands travaux de l’aménagement du territoire, enjeu essentiel dans la maîtrise de l’espace et du contrôle de la population. Les images décrivant l'excellence technologique s'inscrivent dans un langage propre à la propagande valorisant les apports de la colonisation.

        Les deux films de commande, l'un d'Albert Weber et l'autre de P. Salez, témoignent tout autant des conditions de travail des Algériens sur ces chantiers d'envergure, que de l'exploitation des ressources naturelles de l'Algérie par la France.

         

                 

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