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Algérie 1962 [13663]

1962 juin et juillet | Bertrand CHAUDET

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Film amateur
Lors de son rappel sous les drapeaux en 1962, Monsieur Chaudet a été affecté à l'ALAAT (l'Atelier d'Aviation Légère de l'Armée de Terre) sur la base d'Aïn-Arnat dans la ville de Sétif en Algérie.

Carton "Algérie 23.2.1962" sur une carte postale de villageois algériens.

Les ateliers d'aviation légère de la base de Sétif, les hangars, les moteurs et les avions (Modèle BNF). Un avion sort d'un hangar, poussé par des techniciens.
GP Un tableau de suivi des travaux à effectuer.
Les mécaniciens réparent les moteurs, essais en vol après les réparations sur le L19. Filmé d'un avion en vol : GP Tableau de bord de l'hélicoptère, un camps de nomades, un village près de Sétif dans laquelle une section de l'ALN s'entraîne, un essai de la cellule avec décrochage en vol.

La ville de Sétif, un hélicoptère de type Sikorsky (BCG) à l'atterrissage. Un avion Broussard pour le transport des officiers. Des bidasses dans la cabine d'un train en direction d'Alger. Ils passent devant les Gorges de Palestros. Un arrêt à la caserne de transit de Blida, les rues de la ville, l'Hôtel des Finances détruit par un attentat, puis arrivée à la ville de Boufarik.

Dans le port d'Alger, un remorqueur accompagne un bateau. Les bidasses sont à bord du cargo Le Charles Plunier qui les ramène en France. A bord, une forte houle ralentira de douze heures le trajet. Un des hommes, incommodé par le mal de mer, tangue sur le pont du bateau.

En France, dans un jardin, la tonte d'un chien (un caniche).
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Le film est monté comme un reportage, agrémenté de deux titres, deux dates à chaque fois en impression sur une carte postale, la première montrant un groupe de femmes algériennes, la seconde montrant deux Algériens dont un à dos d’âne, sous une palmeraie. L’utilisation de clichés exotiques, largement partagés par la population française est significative d’un appelé qui ne posera jamais de question à propos de la présence française en Algérie alors que s’appliquent le cessez-le-feu en raison des accords d’Évian du 18 mars 1962.
 
Après des plans tournés dans l’atelier d'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT), où portraits aux regards joviaux de mécaniciens se mêlent aux images d’essai de moteur, des vues aériennes sont prises depuis un avion d’observation, un Cessac L-19, lors d’un essai de moteur après révision : djebel, villages, tentes avec dromadaires sont filmés jusqu’au retour au hangar (TC 18:01:21:08 à 18:06:08:04). Le mécanicien se filme lui-même alors qu’il pilote l’avion (TC 18:02:44:04) : « Ma caméra je la tenais comme je pouvais, bien en main parce que par moment les réactions de l’avion faisaient que la caméra avait tendance à m’échapper. Je l’appuyais en même temps » se souvient-il (Bobines d’amateurs, Marie Hélia, 2004).
 
Comme dans Algérie 1 de Marc Kohler, les hélicoptères, plus précisément les « bananes », sont présents (TC 18:06:08:04 à 18:04:08) : une des pièces maîtresses du système d’armes dans la contre-guérilla, ils peuvent transporter une vingtaine d’hommes sur des terrains d’opération.
 
Lors d’une excursion de soldats en train (TC 18:07:05:12 à 18:08:16:12), on remarque l’inscription « Algérie libre et pour l’indépendance ». Un peu plus loin, des images de rues (Alger ?) rappellent l’indépendance récente par les drapeaux algériens qui flottent (TC 18:09:22:06), notamment sur l’Hôtel des finances (TC 18:09:41:00), ancien marqueur de la France colonisatrice défaite, qui a subi un attentat.
 
Dans une caserne de transit de la banlieue d’Alger, Bertrand Chaudet se filme dans l’intimité de la chambrée (TC 18:08:37:17 à 18:08:55:15). Il est torse nu devant la glace de la salle de bain. Dans le reflet de cette glace on voit l’affiche d’une femme nue avec un boa en plume. L’analyse de Jean-Pierre Bertin-Maghit est que par « son geste » le soldat-cinéaste amateur « exprime la relation souhaitée entre cette pin-up et lui, torses nus se faisant écho. Cependant, tout dans ce plan exprime aussi la frustration et la misère affective. Il s’agit d’un monde cloisonné par une succession de cadres et de lignes qui multiplient les espaces et suggèrent l’isolement » (Op. cit., p. 169). 
 
Lors du retour sur le cargo Charles Prunier qui s’éloigne du port d’Alger, on retrouve la même atmosphère que dans les plans de Roland Lemesle (à partir TC 18:10:12:12) : vue des remous à la proue du navire, mouettes, soldats qui regardent la Méditerranée au bord du bastingage ou installés sur les transats disposés sur le pont. Bertrand Chaudet filme, fait même un gros plan sur une chaloupe malgré le tangage, comme en témoigne l’image d’un soldat. C’est qu’il n’y a « pas grand-chose à filmer », se souvient-il. Il ajoute : « On avait que ça à faire, se promener » (rushes de Bobines d’amateurs de Marie Hélia). Le retour est ennuyeux et épuisant. Il faut dire qu’il est ralenti par la forte houle qui a pour conséquence une traversée de 36 heures au lieu de 24. 
Bertrand Chaudet (1940 - ) est né à Saint-Quay-Portrieux.
Il est garagiste à Binic, comme son père. C’est également ce dernier qui lui transmet sa passion du cinéma amateur. Après-guerre, comme beaucoup de pères de famille, Raymond Chaudet filme des moments privilégiés au sein de sa famille mais il filme aussi ses passions : courses de chevaux, courses cyclistes, voyages, visite au Bourget, le dernier voyage du petit train à vapeur des Côtes-du-Nord (d'Armor aujourd’hui), en décembre 1956, reliant Saint-Brieuc à Paimpol. Alors propriétaire de son garage, il libère l'espace de son atelier, sort l'écran et projette ses films en 9,5 mm pour la famille et les habitués.

Bertrand Chaudet, passionné de voitures, filme des courses de stock-cars dès 1954. Appelé en Algérie de février à septembre 1962, il est affecté sur la base d’Aïn Arnat près de Sétif, à un peu plus de 200 km à l’Est d’Alger, en tant que mécanicien au sein de la 674ème compagnie de réparation d'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT), avec le grade de sergent.
À propos du 5 juillet, il se souvient : « Nous étions consignés le jour de l’indépendance. Par la suite ça se passait doucement ».

Il commande par correspondance à la société Photo-Club de l’Europe de Paris une caméra Cinégel 9,5 mm, la même que son père, de la pellicule, et, en continuant de faire des photos, il filme son quotidien de jeune appelé. Il confie à la réalisatrice Marie Hélia : « J’étais le seul à filmer avec ma caméra. Je me cachais un petit peu quand même. » (Bobines d’amateurs, 2004). À l’époque, il envoie ses films en métropole pour être développés et être visionnés à son retour, le matériel de montage et de projection étant déjà chez ses parents.
De retour en France, il monte lui-même ses films en suivant un découpage plan par plan selon les conseils de manuels pratiques tels que "Construire un film" de Pierre Langlade (Paris, Prisma, 1953).
Plus tard, il montre ses images, à Rennes, aux anciens de l’Aviation Légère. Il est parmi les premiers déposants à la Cinémathèque de Bretagne, motivé par la conservation de la mémoire que l’association permet.


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