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Anniversaire (30ème) de la mort du RP de Foucauld [13164]

1946 précisément | Albert WEBER

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Film amateur
Logo ALWEB Sahara film. Carton "présente un reportage filmé".
Carton "Le 30 novembre 1946, M. Michelet, Ministre des Armées à Laghouat. A sa descente d'avion il est reçu par le colonel Then et Madame."
Il est accueilli par le colonel, ils échangent quelques mots au pied de l'avion.

Carton "La bienvenue lui est souhaitée par le Bachagha Ferhat Maroun." M. Michelet serre la main au Bachagha Ferhat Maroun sur son cheval. La délégation opère une revue des troupe.

La Fantasia fait une démonstration (cavalerie de tradition équestre en Afrique du Nord), un groupe de cavaliers se succèdent dans le désert en tirant à vue, présentation des les musiciens.
La délégation entre dans un village.

Carton "Vers El Goléa"
Le ministre monte dans un avion, suivi du reste de la délégation. L'avion survole le désert et les montagnes.

Carton "El Goléa l'arrivée"
Arrivée des troupes.

Carton "Le 1er décembre 1946, 30ème anniversaire de la mort du Révérend Père de Foucault."
Français et Algériens se recueillent devant la tombe. PR La tombe du RP de Foucault.

Carton "Défilé des méharistes Chaamba".
La délégation avance sur la piste.

Carton "Danse nègre"
Danse traditionnelle et "jeu de la poudre".

Carton "Le général Monclar inspecte la Compagnie Portée de la Légion étrangère."
Le général Montclar inspecte les troupes.

Carton "La musique de la Légion Étrangère à l'orphelinat des sœurs blanches."
Un militaire orchestre les troupes (images furtives).
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Bien que décédé à Tamanrasset le 1er décembre 1916, le Révérend Père Charles de Foucauld, alsacien de naissance, est enterré à El Goléa (aujourd’hui El Menia), ville dont il a dressé les plans, dans le cimetière chrétien de Saint-Joseph, à côté de l’église surnommée la « cathédrale du désert ». Géographe puis essentiellement religieux de l’ordre cistercien de la Stricte Observance (trappiste) selon la règle de Saint Benoît, c’est d’abord par la carrière militaire que Charles de Foucauld entre dans la vie d’adulte, à l’École de cavalerie de Saumur après l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Il a 43 ans lorsqu’il se met à vivre en ermite et prêtre auprès de Touaregs. Bien que prêchant la fraternité universelle, il est assassiné le 1er décembre 1916.
 
Toute sa vie, le Père de Foucauld a gardé un lien avec certains militaires. Cette proximité tout autant que les premières années de sa carrière militaire permettent d’expliquer que l’hommage rendu concerne aussi l’Armée française dans des territoires reculés où finalement la présence française est d’abord celle de l’Armée et de l’Église, piliers de la « mission civilisatrice » de la France. 
 
Au début du reportage, le premier carton indique : « 31 novembre 1946. M Michelet, Ministre des Armées à Laghouat. À la descente d’avion il est reçu par le colonel Then et Madame. » Un deuxième carton signale « La bienvenue lui est souhaitée par le bachagha Ferhat Marhoun ». Un bachagha est un grade supérieur de caïd, fonctionnaire algérien intermédiaire entre les institutions coloniales françaises et la population musulmane. On sera sans doute étonné de voir le bachagha salué depuis son cheval, sans en descendre, le ministre, qui lui est dans une position inférieure. Membre d’un corps ayant la réputation de corruption et d’abus de pouvoir, Ferhat Mahroun est quant à lui très respecté tant des Européens que des musulmans, et deviendra sénateur de la IVe République de 1951 à 1958. L’accueil du ministre est suivi d’une revue de troupes, d’un salut aux anciens combattants algériens et aux autorités civiles.
 
La séquence concernant El Goléa à partir du TC 01:04:19:23 permet de retrouver toutes les étapes du rituel des commémorations en présence de l’Armée. On notera que Français et Algériens sont présents devant la tombe du Père de Foucauld (TC 01:04:50:10). En TC 01:05:14:21, le défilé des méharistes Chaamba, confédération de clans arabes, rappelle la présence de monteurs de dromadaires dans les unités militaires sahariennes françaises. Créées au début du XXe siècle, celles-ci permettent de sécuriser les zones difficiles d’accès et éloignées des voies de communication du Sahara algérien. 
 
L’exotisme n'est pas absent des cérémonies et du reportage (TC 01:06:08:08 à 01:06:39:10) : divertissement équestre, littéralement en arabe « jeu de la poudre », ici en honneur du ministre, et danse traditionnelle. Pour désigner cette dernière Albert Weber utilise l'expression "danse nègre", qu'il réutilisera 9 ans plus tard dans son film sonore Danses du sud (1955 environ) attestant de la persistance d'un terme historiquement lié à l'esclavage, à la colonisation et aux théories raciales, pleinement ancré dans la culture européenne de l'époque.
 
Outre la série de films consacrés à l’Armée française, dans une autre le cinéaste amateur Albert Weber s’intéresse à la vie quotidienne et enregistre l’altérité algérienne dans le Sahara. Ce qui peut paraître relever de l’exotisme à l’époque peut constituer aujourd'hui un matériau intéressant pour des analyses ethnographiques. Ce reportage filmé fait le lien entre les deux séries.
Albert Weber, un cinéaste amateur sur tous les fronts.

Albert Weber (1905 - 1992) est né à Thann, dans le Sud de l’Alsace. Il suit des études de médecine et s’oriente vers la chirurgie-dentaire. En 1925, il incorpore les services de santé de l’armée à Lyon, avant d’être envoyé à Beyrouth l’année suivante. En 1936, il part pour l’Algérie dans le cadre d’un nouvel engagement auprès de l’Armée française, notamment pour l’Hôpital de Laghouat. Plus précisément, il est conventionné par l’Armée pour des missions médicales dans le M’Zab. Il s’agit d’une région berbérophone au nord du Sahara algérien, à environ 400 km d’Alger, traversée par un oued (fleuve) éponyme, d’une superficie d’environ 8000 km2 et de près de 200 000 habitants environ, dont la ville principale est Ghardaïa. C’est là qu’il commence à filmer en amateur et rencontre également sa future épouse, Andrée, institutrice d’origine bretonne.

Durant les vingt-six années passées en Algérie, Albert Weber filme énormément, la région lui servant en quelque sorte de laboratoire pour apprendre et se perfectionner. Il utilise d’abord le 9,5 mm noir et blanc, par la suite il s’adapte aux nouveautés sur le marché de l’audiovisuel amateur. En 1942, il change son format de film au profit du 16mm, d’abord noir et blanc puis en couleur. Grâce à sa caméra, Albert Weber se place, dans la région de Laghouat, au sud de l’Algérie, comme une véritable figure du cinéma amateur. Par ses films, nous pouvons aisément connaître sa vie et ses engagements car il filme dès qu’il en a l’occasion. Ainsi, il tourne un peu sur tous les fronts, de l’armée aux cultures sahariennes vues par un œil européen en passant par la médecine, l’urbanisme ou encore ses engagements associatifs.

Certains films ont également été utilisés pour financer des œuvres caritatives, telles que la Croix-Rouge ou l’Association des Amis du Sahara, et d’autres récompensés, comme par exemple Images Sahariennes (1949), premier prix de cinéma amateur, ainsi que Missions Ophtalmologiques la même année. Dans les années cinquante, Danses du Sud est primé à un festival d'Alger. Étrangement, Albert Weber ne filme pas ce qui pourrait se rapporter directement à la guerre d’Algérie, qui est un peu moins présente dans le sud de l’Algérie, alors que de nombreuses images sont tournées au cœur de défilés militaires, dont un quelques mois après l’indépendance.

Dès 1963, quelques mois après l’indépendance, Albert Weber et sa femme sont contraints de quitter l’Algérie, comme de nombreux Français. Ils s’installent tous les deux en Bretagne, à Pontrieux dans les Cotes-d’Armor. Albert Weber continue de tourner des films, en Bretagne et ailleurs en France, notamment en Alsace, sa terre natale. Durant les dernières années de sa vie, il s’engage un peu plus dans la commune. Il siège au Conseil municipal de Pontrieux dès 1965 et est élu maire divers gauche entre 1971 et 1983. Il y vit jusqu’à sa mort et la petite ville se retrouve au cœur d’un certain nombre de films, comme Laghouat l’était lorsqu’il vivait en Algérie. En 1984, il range définitivement sa caméra après le carnaval de Pontrieux, ville où il décède en 1992.

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