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Elections à Laghouat [13182]

Film amateur
Le Château de Dinan, ses jardins.

Crue à Laghouat. Un homme en vélo circule sur la route inondée. Un camion passe. Un second camion passe dans l'autre sens, chargé de bois. D'autres véhicules, civils et militaires, passent les uns après les autres. Des cyclistes tentent d'avancer.

Elections à Laghouat.
Des femmes voilées sortent du bureau de vote, accompagnés par une femme française qui tient un enfant par la main. Des militaires sont postés sur le bâtiment et près de l'entrée, surveillant les entrées et sorties. Civils et militaires se succèdent, Algériens et Français.

La mosquée de Laghouat. Un drpeau français flotte à proximité.

Une femme descend d'une voiture, des enfants algériens l'accueillent. Elle entre avec eux dans l'école de l'oasis nord. Les élèves l'attendaient visiblement.
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Si le processus démocratique s'applique progressivement à la population locale après 1945, il n'en demeure pas moins que l'expression politique des Algériens est volontairement limitée par la France. Pour les autorités coloniales françaises, il s'agit de garder le pouvoir sur une population algérienne plus nombreuse que la population des résidents et colons français. Le statut spécifique de l'Algérie maintient l'existence d'un collège électoral de "musulmans", non citoyens, aux membres restreints, et d'un collège électoral dit "européen" (en fait français), de 1947 à 1958. Ce processus démocratique en cours est considéré comme une mascarade par les leaders indépendantistes en raison du déséquilibre de représentation des Algériens musulmans.
 
En 1959, Albert Weber filme une élection, celle des municipales de Laghouat, dans un contexte délicat, celui de la guerre. Lors de ces élections, les femmes algériennes peuvent voter. Par le décret du 3 juillet 1958, le droit de vote est effectivement donné aux femmes algériennes. Les femmes françaises ont, quant à elles, eu le droit de vote en 1944 (ordonnance du 21 avril 1944).
 
Dans son film Élections à Laghouat, tourné en 1959, Albert Weber montre quant à lui une continuité du processus électoral. Ces élections se déroulent en avril 1959, quelques mois après les élections législatives et le référendum constitutionnel de 1958, dans un contexte particulièrement tendu. C’est d’ailleurs les seules images d’Albert Weber qui témoignent de la tension qui secoue la région.
 
En effet, même si la séquence est courte (TC 01:01:26:12 à 01:01:50:00), elle montre beaucoup de choses liées au contexte politique algérien. L’intérieur du bureau de vote, probablement dans une école, n’est pas filmé mais l’extérieur l’est. A la suite du décret du 3 juillet 1958, on peut voir plusieurs femmes algériennes, certaines voilées, d’autres non, entrer et sortir du bureau pour les premières fois. Un autre élément intéressant se trouve sur le toit du bâtiment : des militaires armés surveillent l’entrée. Cette présence est liée à la « menace » des soulèvements indépendantistes qui se déroulent un peu partout dans le pays, en particulier dans les régions Sud, où le contrôle des populations est plus compliqué et où le Front de libération nationale (FLN) met en place des bataillons révolutionnaires, dont à Laghouat. 
 
Il est à noter que lors d'une autre courte séquence (TC 01:01:56:23 à 01:02:12:13), Albert Weber filme sa femme Andrée, institutrice, entourée d'enfants algériens, garçons et filles, dont quelques uns portent un cartable. En dépit de ces images, en 1961, seuls 31% des enfants algériens musulmans de 6 à 14 ans sont scolarisés dans l'École française.
Albert Weber, un cinéaste amateur sur tous les fronts.

Albert Weber (1905 - 1992) est né à Thann, dans le Sud de l’Alsace. Il suit des études de médecine et s’oriente vers la chirurgie-dentaire. En 1925, il incorpore les services de santé de l’armée à Lyon, avant d’être envoyé à Beyrouth l’année suivante. En 1936, il part pour l’Algérie dans le cadre d’un nouvel engagement auprès de l’Armée française, notamment pour l’Hôpital de Laghouat. Plus précisément, il est conventionné par l’Armée pour des missions médicales dans le M’Zab. Il s’agit d’une région berbérophone au nord du Sahara algérien, à environ 400 km d’Alger, traversée par un oued (fleuve) éponyme, d’une superficie d’environ 8000 km2 et de près de 200 000 habitants environ, dont la ville principale est Ghardaïa. C’est là qu’il commence à filmer en amateur et rencontre également sa future épouse, Andrée, institutrice d’origine bretonne.

Durant les vingt-six années passées en Algérie, Albert Weber filme énormément, la région lui servant en quelque sorte de laboratoire pour apprendre et se perfectionner. Il utilise d’abord le 9,5 mm noir et blanc, par la suite il s’adapte aux nouveautés sur le marché de l’audiovisuel amateur. En 1942, il change son format de film au profit du 16mm, d’abord noir et blanc puis en couleur. Grâce à sa caméra, Albert Weber se place, dans la région de Laghouat, au sud de l’Algérie, comme une véritable figure du cinéma amateur. Par ses films, nous pouvons aisément connaître sa vie et ses engagements car il filme dès qu’il en a l’occasion. Ainsi, il tourne un peu sur tous les fronts, de l’armée aux cultures sahariennes vues par un œil européen en passant par la médecine, l’urbanisme ou encore ses engagements associatifs.

Certains films ont également été utilisés pour financer des œuvres caritatives, telles que la Croix-Rouge ou l’Association des Amis du Sahara, et d’autres récompensés, comme par exemple Images Sahariennes (1949), premier prix de cinéma amateur, ainsi que Missions Ophtalmologiques la même année. Dans les années cinquante, Danses du Sud est primé à un festival d'Alger. Étrangement, Albert Weber ne filme pas ce qui pourrait se rapporter directement à la guerre d’Algérie, qui est un peu moins présente dans le sud de l’Algérie, alors que de nombreuses images sont tournées au cœur de défilés militaires, dont un quelques mois après l’indépendance.

Dès 1963, quelques mois après l’indépendance, Albert Weber et sa femme sont contraints de quitter l’Algérie, comme de nombreux Français. Ils s’installent tous les deux en Bretagne, à Pontrieux dans les Cotes-d’Armor. Albert Weber continue de tourner des films, en Bretagne et ailleurs en France, notamment en Alsace, sa terre natale. Durant les dernières années de sa vie, il s’engage un peu plus dans la commune. Il siège au Conseil municipal de Pontrieux dès 1965 et est élu maire divers gauche entre 1971 et 1983. Il y vit jusqu’à sa mort et la petite ville se retrouve au cœur d’un certain nombre de films, comme Laghouat l’était lorsqu’il vivait en Algérie. En 1984, il range définitivement sa caméra après le carnaval de Pontrieux, ville où il décède en 1992.

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