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Ghardaïa, mars 1940 [11141]

Film amateur
Carton : "Mars 1940, Sud Algérien pays berbère, en tournée d'inspection dans les territoires du sud, le général de corps d'armée commandant la région accompagné du général chef de la mission britannique arrivent à Ghardaïa".
Carton : "Le défilé, Tirailleurs et Goum à Méhari".
Carton : "Les généraux accompagnés par le chef de bataillon commandant le territoire se rendent chez le caïd où un thé leur est offert".
Carton : "À Tilrempt, une chasse au faucon est organisée en leur honneur". Carton : "Laghouat, l'arrivée". Le défilé.
Carton : "À Djelfa".
Carton : "Hassi-Baba, après le déjeuner offert par le Bach-Agha, les généraux quittent le territoire pour Alger".
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Dès le début du reportage filmé un intertitre signale : « Sud algérien mars 1940. En tournée d’inspection dans les Territoires du Sud le général de Corps d’Armée commandant la région accompagnée du général chef de la mission britannique arrivent à Ghardaïa ». En mars 1940, la guerre est déclarée depuis le 3 septembre 1939 entre l’Allemagne nazie, la République française et le Royaume-Uni. C’est la Drôle de guerre le long de la frontière franco-allemande. La force des deux démocraties alliées repose entre autres sur leur empire colonial respectif. Les Britanniques sont toujours présents sur le canal de Suez malgré l’indépendance qu’ils ont accordée au royaume d’Égypte, ancien protectorat, en 1936. Dans ce contexte, la visite d’un général chef d’une mission britannique dans le M’Zab est d’importance politique et militaire. 
 
Les passages en revue des troupes et défilés se répètent dans différents endroits visités (TC  01:01:16:19 : « Le défilé [à Ghardaïa]). Tirailleurs et goum à méhari  [nom donné aux unités sahariennes françaises constituées de monteurs arabes de dromadaires ou méharis]» ; TC 01:02:28:11 : « Les généraux accompagnés par le chef de bataillon commandant le Territoire se rendent chez le caïd [fonctionnaire algérien qui remplit diverses fonctions administratives, intermédiaire entre la population musulmane et les autorités françaises] où un thé leur est offert » ;  TC 01:03:49:17 : « Laghouat » ; TC  01:04:52:23 : « Le défilé »  (on remarquera l’enfant porteur d’un drapeau avec le croissant musulman aux côtés des drapeaux français et britannique) ; TC 01:06:08:22 : « A Djelfa » ; TC 01:07:14:06 : « Hassi Baba. Après le déjeuner offert par le Bach-Agha [grade supérieur de caïd] les généraux quittent le Territoire pour Alger ». : à chaque halte il s’agit de montrer la force militaire française, prête au combat et ayant en son sein une force "indigène". Le salut systématique des anciens combattants algériens de la Grande guerre rappelle d’ailleurs que la France a pu déjà compter sur le courage des colonisés au service du pays colonisateur. D’autre part, la mention Dar el Askri sur un bâtiment de Laghouat rappelle quant à elle les maisons du combattant, œuvre sociale créée après le milieu des années trente pour l’aide aux anciens combattants musulmans.
 
Une séquence détonne un peu avec le rituel militaire et introduit de l’exotisme en TC 01:03:17:14 puisque à Tilrempt une chasse au faucon est organisée en l’honneur des généraux. Le départ en voiture depuis ce lieu est doublement intéressant car les autorités algériennes, sans doute le caïd, sont installées dans deux voitures tandis que les deux généraux, français et britannique, sont dans la troisième. Séparation entre civils et militaires sans doute mais aussi entre Européens et Algériens. Les voitures passent devant un mur sur lequel est inscrit « Byrrh. Vin généreux au quinquina », indication au sujet d’un vin apéritif aromatisé à l’écorce de quinquina qui contient de la quinine utilisée pour la prévention contre le paludisme ou malaria, mais qui néglige ainsi la culture musulmane qui interdit la consommation d’alcool.
Albert Weber, un cinéaste amateur sur tous les fronts.

Albert Weber (1905 - 1992) est né à Thann, dans le Sud de l’Alsace. Il suit des études de médecine et s’oriente vers la chirurgie-dentaire. En 1925, il incorpore les services de santé de l’armée à Lyon, avant d’être envoyé à Beyrouth l’année suivante. En 1936, il part pour l’Algérie dans le cadre d’un nouvel engagement auprès de l’Armée française, notamment pour l’Hôpital de Laghouat. Plus précisément, il est conventionné par l’Armée pour des missions médicales dans le M’Zab. Il s’agit d’une région berbérophone au nord du Sahara algérien, à environ 400 km d’Alger, traversée par un oued (fleuve) éponyme, d’une superficie d’environ 8000 km2 et de près de 200 000 habitants environ, dont la ville principale est Ghardaïa. C’est là qu’il commence à filmer en amateur et rencontre également sa future épouse, Andrée, institutrice d’origine bretonne.

Durant les vingt-six années passées en Algérie, Albert Weber filme énormément, la région lui servant en quelque sorte de laboratoire pour apprendre et se perfectionner. Il utilise d’abord le 9,5 mm noir et blanc, par la suite il s’adapte aux nouveautés sur le marché de l’audiovisuel amateur. En 1942, il change son format de film au profit du 16mm, d’abord noir et blanc puis en couleur. Grâce à sa caméra, Albert Weber se place, dans la région de Laghouat, au sud de l’Algérie, comme une véritable figure du cinéma amateur. Par ses films, nous pouvons aisément connaître sa vie et ses engagements car il filme dès qu’il en a l’occasion. Ainsi, il tourne un peu sur tous les fronts, de l’armée aux cultures sahariennes vues par un œil européen en passant par la médecine, l’urbanisme ou encore ses engagements associatifs.

Certains films ont également été utilisés pour financer des œuvres caritatives, telles que la Croix-Rouge ou l’Association des Amis du Sahara, et d’autres récompensés, comme par exemple Images Sahariennes (1949), premier prix de cinéma amateur, ainsi que Missions Ophtalmologiques la même année. Dans les années cinquante, Danses du Sud est primé à un festival d'Alger. Étrangement, Albert Weber ne filme pas ce qui pourrait se rapporter directement à la guerre d’Algérie, qui est un peu moins présente dans le sud de l’Algérie, alors que de nombreuses images sont tournées au cœur de défilés militaires, dont un quelques mois après l’indépendance.

Dès 1963, quelques mois après l’indépendance, Albert Weber et sa femme sont contraints de quitter l’Algérie, comme de nombreux Français. Ils s’installent tous les deux en Bretagne, à Pontrieux dans les Cotes-d’Armor. Albert Weber continue de tourner des films, en Bretagne et ailleurs en France, notamment en Alsace, sa terre natale. Durant les dernières années de sa vie, il s’engage un peu plus dans la commune. Il siège au Conseil municipal de Pontrieux dès 1965 et est élu maire divers gauche entre 1971 et 1983. Il y vit jusqu’à sa mort et la petite ville se retrouve au cœur d’un certain nombre de films, comme Laghouat l’était lorsqu’il vivait en Algérie. En 1984, il range définitivement sa caméra après le carnaval de Pontrieux, ville où il décède en 1992.

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