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journal filmé de Pleurtuit - 2 (Le) [20860]

1927 septembre octobre | Emile GAUDU

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Film amateur | Bretagne
Saïd Benaloua, qui vient vendre ses tapis depuis vingt ans, les portraits des cousines, des séquences mises en scène : une partie de belotte arrosée qui se termine en dispute, « une chasse aux oiseaux » où le chasseur tue... un merle ! La dernière perm' d'Emile Gaudu qui pose avec son diplôme de quartier maître et pour finir Gaudu boit un coup de quinquina Dubonnet avec son ami M. Jardin. FIN. BONSOIR.

"Le journal filmé de Pleurtuit"
Super Pathé-Baby N°9 Septembre-octobre
Copyright by Em. Gaudu 1927 - 14mn10
Le journal filmé de Pleurtuit

Résumé :
Le film s’ouvre sur les cartons habituels des "Pleurtuit Ciné-revue" ou “Journal filmé de Pleurtuit“ et le portrait de Gaudu annonçant la couleur du film, celui-ci sera serein et souriant. Les informations débutent par une série de gros plan de personnages : Mlle Useo, Mlle Dosso, Saïd Ben Alloua. Madame Gaudu mère et M. Huet se prêtent au jeu pour une fiction ayant pour thème une partie de belote. Nouvelle fiction, mettant cette fois en scène Emile Gaudu, sur la chasse au moineau. Gaudu à Pleurtuit pour sa dernière permission le11 octobre 1927, voilà 18 mois qu’il est en garnison à Brest, il vient d’être nommé quartier-maître. Nouvelle scène, M. Jardin et Gaudu fumant la pipe, devant le perron, devant la maison, dans l’allée du jardin. Gaudu fait ses “vanités“ et termine ce numéro par une promenade romantique dans le parc d’un manoir, son ami Jardin se prête au jeu.


Descriptif :
Gros plan de Gaudu fumant la pipe
Carton : Photo de E. Gaudu
Carton : Cousines… Mlles Uséo, et H. Dosso.
Portrait en gros plan d’une jeune fille souriante, brune, coiffée les cheveux en arrière, éclats de rires, mouvement de caméra en arrière, cinématon, fondu au noir, enchaînement sur une dame plus âgée qui visiblement suit les conseils de Gaudu, filmée toujours en gros plan, fondu au noir, trois jeunes femmes assises devant la maison (familiale ?)
Carton : Marie… voici la 20e année que la maison voit Saïd Ben Alloua.
Portrait d’un homme assez âgé, portant moustache et fez (ou tarbouche), originaire du Maghreb et visiblement vendeur de tapis,
Carton : le club des trois
Gros plan sur une dame assez forte aux airs de matronne, visiblement un peu gênée, fondu an noir sur une femme plus jeune coiffée à la mode de l’époque, s’en suit une coquette, souriante, plus jeune, portant chapeau
Carton : “On fait une petite belote“… et puis…
L’un des joueurs quitte la table
Carton : “C’est tout naturel de s’expliquer 5 minutes…“
On se dispute
Carton : Ah mon cher quel triple extrait
Gaudu, sort une bouteille de dessous la table et prend des verres qui se trouvaient sur le bord du perron
Carton : “Donne lui tout de même à boire“… (V. Hugo)
On rit, on boit, on plaisante,
Carton : “Trois joueurs et un… tricheur (M. Huet)“
Gros plan sur M. Huet

Nouveau film :
Carton : « La chasse aux oiseaux »
Gaudu chasseur, il cherche, vise, tire, gros plan sur le tireur, sur le canon de l’arme, la victime, un petit piaf, le chasseur et son ami souriants.
Carton : Allez-y, moi j’en viens ! 11 octobre 27 Dernière perm…
Carton : 12 mai 1926 – 11 octobre 1927 – 18 mois, et… déjà Quartier-maître.
Gros plan sur la feuille de permission au départ de Brest du conscrit Emile Gaudu le 11 octobre 1927. Gaudu en marin, bâchis sur la tête, assis devant le perron de la maison familiale, toujours le cigare à la bouche, il exhibe sa feuille de route et salue militairement, toujours plaisantin, il souligne la phrase en lettre d’or sur son bâchis “Allez-y moi j’en viens“. Sur le banc avec sa maman, nouveau bâchis “Dépôt des équipages“
Carton : … et le départ pour… Rennes
Gaudu en costume, casquette, élégant devant la porte de la demeure familiale, les plans sont de plus en plus rapprochés (caméra sur pied, autoportrait).
Carton : Mr Jardin – 16 octobre 27
Portrait en gros plan de M. Jardin , portrait de Gaudu façon mauvais garçon, toujours la cigarette, sourire, regard interrogatif, sur le perron de la maison, Gaudu, Jardin et une amie,
Carton : avé… le bonnet basque… (Em. Gaudu)
Emile Gaudu de profil portant un bonnet
Carton : Pleurtuit - Le jour de la Toussaint
Carton : … une fameuse pipe !
Même profil mais avec une pipe, Jardin et Gaudu fumant la pipe devant la maison, devant la maison, dans le jardin. La maison dans son ensemble, au milieu de jardin, nos deux protagonistes se dirigent vers la caméra, le clocher de Pleurtuit,
Carton : « Memento homo quia pulvis es, et in pulverem reverteris. » (Rappelle-toi homme que tu n’es que poussière et que tu retourneras à la poussière)
Crâne sur fond noir,
Carton : Paysages d’automne. 1927
Images d’un château (peut-être fin XIXe), sur un étroit chemin, un attelage de trois chevaux mené par un homme tire une charrette, le château aux volets fermés, la basse cour, des dindons blancs, un homme, M. Jardin, entre dans le parc du château, un étang avec une barque blanche, l’homme s’y promène. Etiquette d’une bouteille de Quinquina Dubonnet, Gaudu et Jardin boivent un verre sur le perron de la demeure familiale.
Gaudu souriant, une ardoise à la main “FIN“, il la retourne BONSOIR. Il jette un baiser à son public.
Dernier carton : films tournés avec la caméra Pathé-Baby. Objectif : Carl Zeiss, 2,7.

Carton infos du labo : Pathé-Baby – caméra – film d’épreuve – N°072827
Émile Gaudu (1906-1996) est né à Pleurtuit, en Ille-et-Vilaine. Son père, également prénommé Émile, est médecin dans le village et sa mère est Marie Toussainte Jeanne Journiaux (ils se marient le 9 novembre 1904 à Pleurtuit, Émile François Gaudu docteur en Médecine né à Pleurtuit le 22 septembre 1872 est le fils d’Émile Joseph et de Solon Anne Marie, et Marie Toussainte Jeanne Journiaux est la fille de Jules Antoine et de Marie Françoise Victorine Méhonas).
Il épouse le 1er octobre 1929 Marie-Madeleine Lansquet, née le 8 décembre 1905 dans la maison d'en face. Elle est la fille de Joseph Lansquet, capitaine au long cours et de Joséphine Lebret, ménagère au bourg. Ils vivront 65 ans ensemble dans leur maison située au 37 rue de la Gare à Pleurtuit, puis au 37 rue Brindejoncs des Moulinais, qui était également la maison des parents d’Émile Gaudu.

La découverte du Pathé Baby

À 17 ans, en 1923, Émile Gaudu assiste à la première présentation publique du « Pathé-Baby » par des agents Pathé sur la plage de Dinard. Il demande à son père de lui acheter une caméra 9,5 mm et s'exerce. Il veut devenir opérateur. Pendant ses études de droits (licence), il filme en amateur, mais dans un but évident d'autoformation. Ces films sont diffusés lors de séances de cinéma familiales.
Il réalise des pastiches des films de fictions de l'époque (comme les films de Louis Feuillade), des films d'actualités qui passent à l’époque en avant-programme (par exemple « Courses de chevaux à Dinard »), il fait également de longs gros plans fixes du visage des membres de sa famille, son père le Dr Gaudu, sa grand-mère, des « figures pleurtuisiennes » (tante Jeanne), et surtout il s’« auto-filme ».

Émile Gaudu, « opérateur » professionnel...

En 1926, son père lui achète une caméra 35 mm « Debrie » type « Parvo Interview » en bois de teck avec un moteur électrique alimenté par des batteries placées au sol dans une caisse en bois avec poignées de transport (elle a intégré les collections de la Cinémathèque de Bretagne).
En 1927, il réalise un premier film professionnel « Saint-Malo, l'antique cité des corsaires » (visite de la ville et départ des terre-neuvas). Le film est diffusé en salles par la société Lutetia à Paris. Son exploitation sera interrompue par l'arrivée du parlant.

Au début des années 1930, Émile Gaudu fait un stage d'un an aux studios de la U.F.A. en Allemagne en tant que « Bildmeister » (chef-opérateur). Il revient en France et travaille comme reporter d'images pour les journaux d'actualités (Pathé, Gaumont...). Son surnom dans la profession est « Saint-Malo ». Très athlétique, il est renommé pour être capable de monter avec sa caméra dans les huniers des bateaux. Il filme d'innombrables pardons de terre-neuvas et de lancements de bateaux.

En 1933, Pierre Guerlais l'embauche comme directeur de la photographie pour sa version de « Pêcheur d'Islande », son nom figurant au générique de ce long-métrage : « En raison des dangers que présentent les prises de vues en mer par mauvais temps, Pierre Guerlais a engagé un opérateur spécialisé dans ce genre de travail. C’est un Breton, Émile Gaudu, qui a déjà tourné à maintes reprises en Islande, à Terre-Neuve et au Groenland. C’est lui qui filma la relève du phare d’Armen qui, ainsi qu’on le sait, est presque inabordable. Pour réussir cet exploit, Émile Gaudu fut obligé de se faire attacher au mât d’un navire et les secousses que lui infligèrent les lames furent telles que pendant plusieurs semaines il garda sur son visage l’empreinte du viseur de son appareil. » (« L’Afrique du Nord illustrée », 2 - 12 -1933).

Il s'installe ensuite à Pleurtuit, publie une publicité dans les journaux de cinéma de l'époque en se présentant comme cinéaste indépendant (publicité « Émile Gaudu opère lui-même »). Il est sans doute le seul en France à faire cela hors de Paris.

De 1933 à 1939, il réalise de nombreux documentaires et travaille en tant que chef-opérateur sur des films dont « Le Cantique de la mer » de Jean Gourguet (1934), restauré par les Archives Française du film. La Cinémathèque de Bretagne possède d'ailleurs une photo le montrant filmant avec sa caméra. Il sera également le conseiller technique de deux prêtres qui filmeront entre 1936 et 1939 les terre-neuvas et la vie des pêcheurs dans le but d’améliorer leur condition, en organisant des conférences accompagnées d’un film : le Père Louis-Joseph Lebret (qui fondera en 1941, l’association « Économie et humanisme ») et le Père Yvon.

La guerre - l’enseigne « Art et lumière » - après la guerre

En 1940, les allemands réquisitionnent sa maison. Ils utilisent une partie de ses films pour se faire des séances de cinéma et ceux-ci seront perdus à la fin de la guerre.
En 1943, il revient dans sa maison et ouvre dans son garage une enseigne d’un genre nouveau dans la région : « Art & lumière - La Maison de l’Amateur Cinéaste et Photographe » qui fermera en 1952. L’enseigne est dépositaire du « Comptoir Breton du Cinéma » (située à Chateaubriand) et vend notamment les marques de projecteurs professionnels « Hortson » et « Cineric », du matériel et des produits pour les cinémas et les photographes.
En 1944, il filme Saint-Malo et l'état des communes alentours (les conséquences des bombardements, les soldats encore présents, français, américains et prisonniers allemands, les habitants...) dans les huit jours suivant la Libération (« L'Empreinte de l'Attila », 1945). Pour tourner, il achète une caméra 16 mm type « Ciné Kodak Special ». Émile Gaudu dédie ce film à l'Abbé Descottes, un malouin qu'il connaît bien et dont il réalise des portraits dans les années 1930. Celui-ci empruntera « L'Empreinte de l'Attila » et « Saint-Malo, l'antique cité des corsaires » pour la recherche au Québec de fonds d'aide à la reconstruction de la Cathédrale Saint-Vincent. Les films ne lui seront pas restitués et seront retrouvés en 1992 par la Cinémathèque de Bretagne chez le neveu de l'Abbé Descottes.

En 1945, le patron de la société Lutetia lui commande un film sur Saint-Malo avant et après-guerre : il s’appellera « Saint-Malo ville assassinée ». Émile Gaudu utilise des extraits de son film « Saint-Malo, antique cité des corsaires » (1927) et des rushes restés chez lui. Pour la distribution, Lutetia fait re-monter le film dans un but commercial, certaines séquences sont coupées, son nom est enlevé du générique, alors qu’il était réalisateur et producteur. Une chanson de Louis Gasté, chantée par Line Renaud (« Quand un bateau part »), est rajoutée au film. Émile Gaudu est furieux de cette chanson et des paroles et, surtout, d’avoir été dessaisi de son film en tant qu’auteur sur un sujet qui lui tenait à cœur : les conséquences des bombardements sur Saint-Malo – ville où il avait fait ses études secondaires – et les villages environnants, notamment Pleurtuit détruit à 80 %. En 1992, lors de son interview filmée, les larmes lui viennent aux yeux à l’évocation de cet épisode de sa vie.

En 1946, il réalise un film de commande en 35 mm pour le préfet des Côtes-du-Nord, « Vivre » (restauré par les Archives Française du Film) qui est une « publicité » pour les sanatoriums du département « où il y a du bon air » et qui participent au dépistage de la tuberculose. Il réalise des films sur sa commune en 16 mm (« Qu'il est beau mon village » en 1951 notamment) ou pour des amis.

En 1957, il est cameraman supplémentaire sur « Les Vikings » de Richard Fleischer dont quelques scènes ont été tournées à Fort La Latte.

Le cinéma « L’Aiglon »

En 1948, il crée dans son jardin la salle de cinéma de Pleurtuit « L’Aiglon » (environ 100 places) équipée d’un projecteur Hortson 16 mm ; sa femme Madeleine en sera la gérante. L’exploitation durera plus de dix ans, le cinéma fermera en 1960. Les Archives Départementales d'Ille-et-Vilaine conservent la carte de projectionniste d’Émile Gaudu avec sa photographie.
Au cinéma « L’Aiglon » étaient projetés des films distribués à l’époque par des sociétés classiques de distribution (« Universal »...) et Émile Gaudu animait les séances. La Cinémathèque de Bretagne conserve un lot d’affiches-programmes qui témoignent de ses programmations.

Émile Gaudu, cinéaste et auteur ?

Émile Gaudu a filmé toute sa vie, mais il s’est toujours défini comme un « opérateur » et non comme un cinéaste.
Sa propriété familiale fut transformée en « complexe cinématographique » : le jardin et la cour (particulièrement la façade de sa maison d’où descendait un escalier propice à de nombreuses mises en scène) étaient un véritable studio de cinéma en plein air pour ses « Actualités », le garage abritait son enseigne « Art et lumière » et il construisit dans son jardin une salle de cinéma.

Comédien né, il apparait dans nombre de ses films datant de 1925 à 1928, de courts films familiaux bien sûr (balades, visite à des amis, copains en permission...), mais également des saynètes. S’il semble écrire ces films surtout pour lui-même – Il est costumé en détective, en gangster, en mendiante... –, il entraine joyeusement sa famille avec lui : son père, médecin et sa mère, sa femme, ses copains, les amis de la famille... Il adore également se filmer avec sa caméra sur pied, ce qui donne des autoportraits en gros plan où il rit et fait le pitre maquillé comme les acteurs du muet. Nous pouvons considérer que ses séquences sont une (sa) signature. Ces miscellanées constituent les « Actualités pleurtuisiennes » qu’il réalise lorsqu’il a entre 19 et 22 ans.

Il est probable que beaucoup de ses films ont été perdu (certains donnés ou prêtés, d’autres disparus pendant la guerre...). Nous connaissons, pour l’instant, très peu le travail qu’il aurait fait pour les sociétés Gaumont, Pathé et Eclair.

Les dernières années

Sur un contact pris, il refuse tout d’abord de se laisser interviewer puis finalement accepte : en 1989 et 1991, 2 h 30 d’images seront enregistrées par la Cinémathèque de Bretagne.
En 1994, il est nommé membre d'honneur de la Cinémathèque de Bretagne. Trois réalisateurs professionnels veulent chacun faire un film sur lui, il refuse.
Sa femme Marie-Madeleine était à ses côtés une personnalité marquante, elle a écrit plusieurs livres (roman, livres pour enfants et de nombreux recueils de poésie (1). Elle meurt le 21 février 1994 à Dinard. Émile Gaudu meurt à Pleurtuit, à 89 ans, le 31 janvier 1996.
Émile Gaudu a été le premier cinéaste breton travaillant en Bretagne. Sa carrière n'a pas manqué d'originalité.



(1) Marie Madeleine Gaudu a écrit sous le nom de Madeleine Gaudu-Lansquet ou de Lansquet des livres et publié de la poésie et des ouvrages pour enfants : « La Tâche originelle » (1936, Ed. Raoul Saillard), « Matilda, fille du Nyassaland », récit sur un témoignage du Père Party (1964, Alsatia Paris), « Il était un petit corsaire » (1964, P.A.F.), « Petite suite pour un passereau » (1965, P.A.F.), « Figure de proue » (1967), « Dansons la capucine » (1971, Maison rhodanienne de poésie), « L’Oiseau et la mort » (1974, Maison rhodanienne de poésie), « Matilda-Thalie de Modènes » (1976, Hachette, Bibliothèque rose)...


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