• Entrez votre identifiant et votre mot de passe dans le formulaire ci-dessous

    Votre identifiant
    Votre mot de passe

8794

Films
en accès libre

RECHERCHE





  •  
    Champ
    Opérateur
    Valeur
Sur le même thème

Laghouat de 1945 à 1955 [11367]

Film amateur
Le 8 mai 1945, l'Allemagne est vaincue. A Laghouat, l'armistice est célébrée. Les enfants brandissent les drapeaux des alliés. L'hommage aux morts est célébré, une gerbe est déposée. Le 28 décembre 1945, le gouverneur général remet la cravate de commandeur au Bachagha Ferhat Marmoum, chef de la confédération des Larbaâ. Le caïd est décoré ainsi que d'autres chefs indigènes. Quelques phases du match de basket-ball (SSS-USL) et du match de foot (USL vétérans - USL première). Des compétitions sportives sont organisées à la Pâques 1947 (courses hippiques, courses, cyclisme). Le 12 juin 1947, le général Monsabert visite Laghouat. Célébration du 14 juillet 1947. Le Journal d'Alger retrace la destruction de Laghouat par l'explosion de 4 tonnes de cheddite. Le gouverneur général M.E NAEGELEN visite Laghouat le 26 octobre 1948. Célébration de la fête de Jeanne d'Arc à Laghouat en 1950. Sous les yeux des Européens, une fête des Touaregs. Fête à la caserne. Autour du feu, une fête traditionnelle se déroule (danse du fusil; danses des femmes). (complément)
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Dans Laghouat de 1945 à 1955, Albert Weber y filme les cérémonies du 8 mai 1945, qui signe la capitulation de l’Allemagne nazie. On y voit des images à la fois similaires et différentes de celles que l’on peut trouver en métropole. En effet, même s’il y a un défilé militaire, la levée du drapeau français et les troupes saluant la foule, et parfois la caméra, on est loin de la grande fête de la Libération métropolitaine. Même si la présence de généraux, du drapeau national et d’un dépôt de gerbe sur un monument aux morts vise à rappeler l’appartenance de l’Algérie à la France et à exalter le sentiment d’appartenance nationale français des Algériens, l’essentiel des troupes ici est issu de la population algérienne et les habitants semblent plus regarder un défilé comme il y en a tant d’autres que fêter la Libération.
 
Laghouat est loin du Nord du pays, et donc un peu moins stratégique (pas de port ou d’aéroport, peu de structures routières et ferroviaires, peu d’agriculture pour la nourriture). De plus, la région a moins subi de pertes que le Nord et des affrontements moins nombreux et moins violents, l’opération alliée Torch de 1942 étant concentrée sur le Maroc et le Nord algérien. L’Algérie est libérée des injonctions et du commandement de Vichy depuis le débarquement du 8 novembre 1942, mettant la Résistance à la tête d’Alger et de l’Algérie.
 
Enfin, du point de vue des Algériens, il se peut également que la Libération ne veuille pas dire grand-chose, puisqu’au final, les Français sont toujours présents. Pourtant un sentiment national algérien est de plus en plus fort depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Notons que le jour où ces images ont été prises et les jours suivants, à Sétif, Guelma et Kherrata, villes à un peu plus de 400 km au Nord de Laghouat, la fête de la Libération se transforme en drame, qui se solde par un massacre d’Algériens par les militaires et des civils Français : on compte des milliers de morts (pour une centaine d’Européens). Le sentiment nationaliste et indépendantiste algérien qui s’exprime le 8 mai 1945 à Sétif continuera alors de se développer.
Albert Weber, un cinéaste amateur sur tous les fronts.

Albert Weber (1905 - 1992) est né à Thann, dans le Sud de l’Alsace. Il suit des études de médecine et s’oriente vers la chirurgie-dentaire. En 1925, il incorpore les services de santé de l’armée à Lyon, avant d’être envoyé à Beyrouth l’année suivante. En 1936, il part pour l’Algérie dans le cadre d’un nouvel engagement auprès de l’Armée française, notamment pour l’Hôpital de Laghouat. Plus précisément, il est conventionné par l’Armée pour des missions médicales dans le M’Zab. Il s’agit d’une région berbérophone au nord du Sahara algérien, à environ 400 km d’Alger, traversée par un oued (fleuve) éponyme, d’une superficie d’environ 8000 km2 et de près de 200 000 habitants environ, dont la ville principale est Ghardaïa. C’est là qu’il commence à filmer en amateur et rencontre également sa future épouse, Andrée, institutrice d’origine bretonne.

Durant les vingt-six années passées en Algérie, Albert Weber filme énormément, la région lui servant en quelque sorte de laboratoire pour apprendre et se perfectionner. Il utilise d’abord le 9,5 mm noir et blanc, par la suite il s’adapte aux nouveautés sur le marché de l’audiovisuel amateur. En 1942, il change son format de film au profit du 16mm, d’abord noir et blanc puis en couleur. Grâce à sa caméra, Albert Weber se place, dans la région de Laghouat, au sud de l’Algérie, comme une véritable figure du cinéma amateur. Par ses films, nous pouvons aisément connaître sa vie et ses engagements car il filme dès qu’il en a l’occasion. Ainsi, il tourne un peu sur tous les fronts, de l’armée aux cultures sahariennes vues par un œil européen en passant par la médecine, l’urbanisme ou encore ses engagements associatifs.

Certains films ont également été utilisés pour financer des œuvres caritatives, telles que la Croix-Rouge ou l’Association des Amis du Sahara, et d’autres récompensés, comme par exemple Images Sahariennes (1949), premier prix de cinéma amateur, ainsi que Missions Ophtalmologiques la même année. Dans les années cinquante, Danses du Sud est primé à un festival d'Alger. Étrangement, Albert Weber ne filme pas ce qui pourrait se rapporter directement à la guerre d’Algérie, qui est un peu moins présente dans le sud de l’Algérie, alors que de nombreuses images sont tournées au cœur de défilés militaires, dont un quelques mois après l’indépendance.

Dès 1963, quelques mois après l’indépendance, Albert Weber et sa femme sont contraints de quitter l’Algérie, comme de nombreux Français. Ils s’installent tous les deux en Bretagne, à Pontrieux dans les Cotes-d’Armor. Albert Weber continue de tourner des films, en Bretagne et ailleurs en France, notamment en Alsace, sa terre natale. Durant les dernières années de sa vie, il s’engage un peu plus dans la commune. Il siège au Conseil municipal de Pontrieux dès 1965 et est élu maire divers gauche entre 1971 et 1983. Il y vit jusqu’à sa mort et la petite ville se retrouve au cœur d’un certain nombre de films, comme Laghouat l’était lorsqu’il vivait en Algérie. En 1984, il range définitivement sa caméra après le carnaval de Pontrieux, ville où il décède en 1992.

La newsletter
de la cinémathèque de Bretagne

Pour recevoir toutes nos informations,
inscrivez-vous

Powered by diasite
Designed by diateam