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Service militaire [25338]

Film amateur
Le 15e B.C.A. (bataillon de chasseurs alpins) défile, avec sa fanfare et le corps d’armée, à Tizi-Ouzou pour l'anniversaire du 11 novembre 1961. Les soldats sont basés à Tigzirt, sur la méditerranée, une ancienne ville romaine.
Plan fixe, la fanfare défile en avançant face à la caméra et traversant le champ. Un corps de cavalerie, les spahis, défile. Ils ne font pas partie du 15e B.C.A. Ils portent des turbans et des épées. La caméra suit leur mouvement.
Le bataillon du réalisateur défile, à sa tête, le Commandant Combeau, chef du bataillon. À sa suite, le capitaine (nom non compris, 1’23 de l’entretien audio). Les soldats avancent en tenant leurs fusils. Une section de harkis défile en tenues de camouflage.

Plan large du Rocher du Crapaud, le secteur opérationnel du 15e B.C.A. où se trouvaient les caches des fellaghas. Cette région était contrôlée par la Wilaya IV.
Plan panoramique de la route allant à Tigzirt, sur le col d'Aguouni-Gourane où était stationnée la 3e compagnie du 15e B.C.A en compagnie d’un commando de chasse.
Plan panoramique d’un coucher de soleil. Plan panoramique en sens inverse de la côte de Tigzirt, la ville en contrebas.
Fouille des mechtas du village de Stemhroun. Les soldats fouillent de la paille qu’ils sortent d’une maison pour vérifier que des armes ne sont pas cachées dessous. Plan serré de l’un des hommes du réalisateur. La maison est située en hauteurs, on voit le vaste paysage montagneux de grande Kabylie derrière et la route de Tiggirt-Tiziouzou, au pied du Crapaud, passant par le col d'Aguouni-Gourane.
Un homme se repose dans la mechta abandonnée, éclairé par une bougie.
Le radio, le Caporal Negretti, chef de pièce, communique, la mer en fond. Hassen, caporal marocain, est assis au sommet d’une falaise à l’est de Tigzirt, son fusil dans les mains. La caméra redescend sur la côte méditerranéenne. Les soldats se situent dans la partie haute de forêt de la Mizrana.
Les soldats redescendent, en opération, avançant vers la caméra. Le caporal Negretti, kabyle, est en tête, porteur d’un fusil-mitrailleur.
Fouille en forêt de la Mizrana, une grande forêt de chêne-liège avec de nombreuses caches de fellaghas, au bord de la P.K. 13. Vues de la forêt. Un chien policier tenu en laisse jappe, il a découvert une cache. Vue aérienne de la forêt, la mer au loin. Long panoramique, une partie en a été brûlée et a commencé à repousser.
Plan serré d’une cache : des trous dans le sol, entourés de branches, où se cachaient les soldats. Le maître-chien tient le chien policier en laisse. Ils remontent un oued.
Deux hommes sont au repos, à l’ombre d’un rocher. Casse-croûte dans l'oued Taxept, en cours d'opération dans la Mizrana. Plan serré du pique-nique et d’un soldat breton, resté peu longtemps dans la section. Le maitre-chien et l’animal escaladent des rochers.
Départ avec les véhicules en opération sur une autre partie de la P.K. 13, une route empierrée permettant d’accéder à la forêt de Mizrana. Les soldats avancent difficilement dans les fourrées, leur fusil sur l’épaule. Remontée de l'oued Taxept, pour repérer des traces de passage. Les soldats doivent avancer un peu dans l’eau.
Vue de la chaine du Djurdjura avec la "main du Juif", rocher en forme de trois doigts, prise du poste de Compagnie au col d'Aguouni-Gourane. Au fond, la grande Kabylie enneigée. Plan serré du sergent-chef Bastide avec un sous-lieutenant et le lieutenant médecin du bataillon. La caméra est embarquée dans un G.M.C sur la P.K. 13, après quelques pluies de saison, partis en embuscade de nuit en forêt. Gros plan de l’un des sergents et d’un soldat, ils rient. La route est boueuse, les camions avancent difficilement. A l’avant des camions sont accrochés des rouleaux de fil de fer barbelés. Le caporal tient les poignées d’un fusil mitrailleur sur le toit d’un G.M.C.
Les soldats progressent à pied dans la forêt de la Mizrana. Vue en contre-plongée du paysage. Casse-croûte pendant l’opération en attendant la nuit. Un soldat accroupi fait chauffer une boite de conserves au sol. Le radio est en communication. Plan serré du caporal devant le feu. Des hommes sont assis, mangeant : Ludovic Simeon tout à gauche, puis Hassen, Mesiane et Mimoun. Les soldats remontent la forêt.
Instruction du L.R.A.C. (lance-roquette anti-char). Ludovic Siméon et l’un des caporaux font la démonstration du chargement de l’arme aux soldats, l’un est accroupi et tient l’arme au milieu d’une étendue dégagée tandis que l’autre installe la roquette. Le deuxième homme maintient le premier pendant qu’il tire, la caméra sur la munition qui explose plus loin.
Vue générale de tout le secteur opérationnel du 15e B.C.A. (sauf Mizrana) prise de la côte 811 qui domine le col d'Agouni-Gourane. Terrain très chahuté. Panoramiques du paysage.
Dans une mechta abandonnée, un grand feu pour réchauffer et sécher plusieurs soldats partis depuis trois ou quatre jours.
Long panoramique d’un paysage, le terrain d’aviation de Tiziouzou.
Les homes avancent dans la forêt de Mizrana. Fouille d’une vieille ruine. De nombreux soldats avancent sur la route qui mène à la compagnie. Plans larges des soldats progressant écartés sur la route. Un soldat est un porte-feu.
Hiver, il neige sur le paysage de la grande Kabylie, depuis la compagnie. Les bâtiments en pierre de la compagnie, sous la neige : les sanitaires, le messe, bâtiments des sections. Une voiture est enneigée. La chambre de Ludovic Siméon, le tuyau de poêle dépassant et crachant de la fumée. Panoramique de la route enneigée, bordée d’arbres, les marques des roues des véhicules se dessinant sur le sol.
Au sommet du rocher du crapaud, un homme descend en rappel à l’aide d’une corde, aidé par un autre soldat, la caméra suit sa descente. Ils vont visiter une grotte. Plan large d’une descente en rappel, la caméra remonte vers le sommet. Plan serré d’un sergent s’entrainant à grimper une paroi sans équipement ni fusil. Les soldats avancent sur le col d’Agouni-Gourane, avec un chien. La descente est raide, certains s’aident de bâtons de marche. En contrebas, la route du col. Le radio transporte du matériel avec une très longue antenne. Plan large des soldats s’alignant au bord du sommet du Rocher du Crapaud. Un homme sort d’une grotte dans la paroi du Rocher. Un homme descend en rappel en plan serré. Vue en plongée de la descente. Des jeunes soldats se forment à la descente en rappel avec des cordes de sécurité et tout leur équipement.
Les soldats dans la forêt de Mizrana. Panoramique des sommets. Plan serré du sergent s’entrainant, accroché à une falaise.
Deux soldats assis au sommet d’un piton, très belle lumière de fin de journée.
Un groupe de villageois passe devant la caméra, dont un homme sur un âne, et des femmes transportant des paquets. Dans le même plan, en fond des hommes s’entrainent à passer un surplomb, leurs cordes pendent à côté de la route. En contre-plongée, les soldats, dont un sergent, un radio et Ludovic Siméon avec une carabine, descendent à l’aide de cordes, suspendus dans le vide. Plan serré en plongée. Vue en plongée des soldats en pause assis dans l’herbe pendant l’entrainement.
Vue en contre-plongée d’une maison en pierre dans un village, devant elle des soldats en opération et de la végétation. La caméra fait un panoramique jusqu’au Rocher du Crapaud, puis redescend vers une autre maison.
Plan serré d’un sergent assis sur une falaise. Panoramique en contre-jour le soir des soldats postés plus ou moins en hauteur, les montagnes se dessinant en fond, beau plan. Presque la nuit, le ciel rose-orangé est filmé en long panoramique, pendant que les soldats partent en opération d’embuscade. Vue du sol, les ombres des soldats avancent, dos au soleil couchant dans un ciel orangé dessinant une falaise.
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Le film du sous-lieutenant Siméon permet de se rendre compte de ce qu’est une mission de patrouille, avant et après l’arrestation des fellaghas, que l’on ne voit jamais, pas plus que la population algérienne, à une courte exception près. L’appelé est focalisé sur l’univers militaire et son devoir, auquel se mêle le plaisir de la montagne, malgré un contexte de fin de guerre, de décolonisation française et d’indépendance de l’Algérie.
 
Le film commence par le défilé du 15ème Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA), avec sa fanfare et le corps d’armée, à Tizi Ouzou, pour l'anniversaire du 11 novembre 1961. À cette date, l’Armée française a toujours besoin de montrer sa forte présence dans la colonie algérienne et de contribuer symboliquement au lien entre la nation française, son armée et le territoire algérien. En effet, en janvier un référendum sur l’autodétermination de la population algérienne a obtenu 57% de oui en métropole, les négociations avec le Front de libération nationale (FLN) se sont poursuivies tout au long de l’année, marquée par les attentats de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), favorable à l’Algérie française, et l’échec du putsch des généraux d’avril (21-25). Sur les images, se succèdent la fanfare, les spahis, corps de cavalerie portant turbans et épées, une section de harkis en tenues de camouflage.
 
En TC 18:51:38:07 le film passe sur un plan large du Rocher du Crapaud, le secteur opérationnel du 15ème BCA, où se trouvent les caches des fellaghas. Cette région est contrôlée par la Wilaya IV du FLN. Les plans panoramiques de la route allant à Tigzirt, sur le col d'Agouni Gueghrane, d’un coucher de soleil, de la côte de Tigzirt, avec la ville en contrebas, participent autant de la découverte d’un paysage inhabituel aux yeux du soldat-cinéaste amateur que de la géographie des missions de guerre. L’officier souligne de cette manière autant la beauté des paysages que l’importance de la topographie en mission.
Ainsi Ludovic Siméon filme la fouille des mechtas du village de Stemhroun (TC 18:52:12:20). Plus particulièrement, les soldats fouillent la paille qu’ils sortent d’une maison pour vérifier que des armes n’y sont pas cachées. La maison, située en hauteur, permet une nouvelle fois de prendre des images du vaste paysage montagneux de grande Kabylie et de la route de Tigzirt-Tizi Ouzou, au pied du Rocher du Crapaud, passant par le col d'Agouni Gueghrane. La mission de la patrouille continue d’être abordée par un plan du caporal kabyle chargé de la radio puis celui d’un caporal marocain, assis au sommet d’une falaise, son fusil dans les mains. Avec l’aide d’un chien, la recherche de fellaghas se poursuit en forêt de Mizrana, une grande forêt de chênes-lièges, qui abrite de nombreuses caches. Un long panoramique permet de voir qu’une partie de la forêt a été brûlée : s’agissait-il d’un incendie dû à un bombardement au napalm ? Plus précisément, Ludovic Siméon réalise un plan serré d’une cache : des trous dans le sol, entourés de branches, cachaient des combattants (TC 18:55:52:21)
 
En TC 18:57:37:22, une autre opération, dont l’objectif est une embuscade de nuit, est filmée sur la P.K. 13, une route empierrée permettant d’accéder à la forêt de Mizrana. Les soldats avancent difficilement dans les fourrées, leur fusil sur l’épaule. C’est encore l’occasion de s’arrêter sur le paysage avec une vue de la chaîne du Djurdjura enneigée, prise du poste de compagnie au col d'Agouni Gueghrane. La mission est aussi l’occasion de faire des portraits des soldats pour quelques souvenirs par un plan serré du sergent-chef avec un sous-lieutenant et le lieutenant médecin du bataillon. Un peu plus tard, des hommes attendent en mangeant assis autour d’un feu : Ludovic Siméon, à gauche, se fait filmer et sourit à la caméra. Après des pluies de saison, la route est boueuse et les camions GMC avancent difficilement. 
En tant que sous-lieutenant, Ludovic Siméon s’occupe de l’instruction de ses hommes, dont celle du lance-roquette anti-char. Il se fait de nouveau filmer avec sa propre caméra à côté de l’un des caporaux lors d’une démonstration à ses soldats du chargement de l’arme (TC 19:03:11:10)
 
Quand les hommes ne sont pas en mission, ils s’entraînent, ici à l’escalade (TC 1:11:47:03). Nécessité militaire, activité sportive et découverte du site se mêlent : depuis le sommet du Rocher du Crapaud, la caméra suit un homme qui descend en rappel à l’aide d’une corde, aidé par un autre soldat, avant la visite d’une grotte. Un autre plan serré montre un sergent s’entraînant à grimper une paroi sans équipement ni fusil. Un peu plus tard, de jeunes soldats se forment à la descente en rappel avec des cordes de sécurité et tout leur équipement. Contre-plongées et plongée caractérisent les plans de descente.
À aucun moment la population civile algérienne apparaît, excepté quelques petites minutes lorsqu’un groupe de villageois passe devant la caméra, dont une femme sur un âne poussé par un homme, et des femmes transportant des paquets (TC 19:19:45:14). Leur passage dans le champ de la caméra ne cache pas le but du plan, de montrer des hommes qui s’entraînent en fond à passer un surplomb. En contre-plongée, les soldats, dont un sergent, un radio et Ludovic Siméon avec une carabine, descendent à l’aide de cordes, suspendus dans le vide. 
 
Le film se termine sur une séquence à l’esthétique classique dans les films de voyage d’amateurs et dans les documentaires d’amateurs et de professionnels de l’époque, autour du soleil couchant (TC 19:23:42:06). Un plan serré d’un sergent assis sur une falaise laisse la place à un beau plan de soldats sur fond de montagnes. Il fait presque nuit, le ciel rose-orangé est filmé en long panoramique, pendant que les soldats partent en opération d’embuscade. Lors d’une vue du sol, les ombres des soldats avancent, dos au soleil couchant dans un ciel orangé dessinant une falaise.
Ludovic Siméon est né à Paris dans une famille d’origine berrichonne. Il suit à Paris des études pour être architecte, qu’il termine avant de partir pour son service militaire à vingt-cinq ans. Il est appelé le 1er septembre 1960. Du 1er septembre au 31 décembre 1960, il fait ses classes à l’Ecole de haute montagne de Chambéry.

De janvier à juin 1961, il part pour six mois, en tant qu'appelé, à l’Ecole militaire de Cherchell, commune côtière du nord de l’Algérie, composée de nombreuses plaines et de fermes. Ayant eu l’idée de tourner des films en apprenant son départ pour l’Algérie, Ludovic Siméon profite d’une permission de huit jours pour s’acheter une caméra 8mm. Il part ensuite un an pour la Grande Kabylie dans la commune de Tigzirt, où il rejoint le 15e Bataillon de Chasseurs Alpins de juillet 1961 à août 1962, en tant que lieutenant.

Le bataillon est chargé principalement d’embuscades de nuit et de la recherche de caches de fellaghas et effectue parfois des actions de jour pour des opérations de bataillon. La compagnie, composée de marocains, de tunisiens, de kabyles et d’un indochinois, est établie dans une ancienne compagnie de vacances établie par l’armée, isolée de tout. Ils s’y forment également à l’escalade, l’une des spécialités de la compagnie.

En février 1962, Ludovic Siméon se voit obligé de partir en permission, ce qu'il n’avait jamais accepté de faire jusqu’alors. Il aime en effet la vie militaire, ce qu’il fait en Algérie, et être avec ses hommes. Cette permission de quinze jours obligatoire en France lui permet d’aller faire du ski, qu’il avait déjà pratiqué en compétition. Il passe alors huit jours à Val-d'isère où il rencontre sa femme, d’origine briochine. Il la revoit deux jours à Paris avant de reprendre l’avion et de repartir pour l’Algérie. Lui qui n’écrivait jamais à personne, se met à lui écrire tous les jours, de février à juin 1962.

Il se trouve en Algérie lors des Accords d’Evian et de l’indépendance du pays. Sa dernière mission en Algérie est du maintien de l’ordre à Tiziouzou, avec sa section. La nécessité d’un « maintien de l’ordre » dans une ville si petite, comparée à Alger, Oran ou Constantine, lui semble dérisoire. Selon lui, la population n’y est pas révoltée contre les Français. Rester sur place et avoir face à lui des civils ne lui plaît pas, il préfère de loin crapahuter en nature avec sa section.

D’août à novembre 1962, Ludovic Siméon rejoint le 15e BCA de Modane. Il souhaite en effet « rempiler » six mois afin de quitter l’Armée en janvier 1963 au lieu de novembre 1961 et pouvoir ainsi être moniteur de ski pendant la saison de sports d’hiver avant de reprendre son métier d’origine. À son arrivée à Modane, le cessez-le-feu vient de s’appliquer en Algérie. Cette dernière expérience ne lui plaira pas et le laissera sans regrets de quitter l’armée.
Ludovic Siméon reprend ensuite son métier d’architecte.

À son départ, Ludovic Siméon croyait à l’Algérie française. Sa volonté n’était pas de partir « tuer du fellagha », il est persuadé d’être parti défendre des Algériens qui voulaient rester français. Il reconnait aujourd’hui s’être trompé sur certains points. Il n’est aujourd’hui pas dans un esprit de célébration des anciens combattants, et regarde avec circonspection les commémorations et décorations d’anciens militaires plusieurs décennies plus tard.

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