Depuis une dizaine d'années, à l'occasion de la Toussaint, je photographie les habitants de l'Ile-Grande dans leur cimetière. Grâce à la confiance établie tout au long de mes films, tournés en partie en ces lieux, ma présence leur est devenue familière et ils posent devant leur tombe avec la force et la gravité d'un acte accepté et partagé, comme s'il les revalorisait aux yeux d'un monde qui les avait un peu oubliés. L'idée centrale de ce film s'est imposée petit à petit comme : filmer tout le village dans son cimetière. Un village qui, à chaque Toussaint, "habite" son cimetière, avec toutes ses voix, tout ses visages, à majorité de femmes, des noms égrenés au fil des déambulations dans les allées, des histoires racontées, ici ou là, par tous, en français et en breton, mêlant souvent le cocasse au grave. On sait la place prédominante de la mort en Bretagne et l'importance de sa représentation. Ce film voudrait, au delà de toute démonstration, tenter de saisir, de faire surgir, dans ces gestes et paroles du quotidien, une prégnance particulière de la mort, propre à cette culture...
Trouver de la vie dans la mort, en quelque sorte...