Un certain mythe du paysan, repris entre autres par le Pétainisme, le présente comme le Français par excellence, chef incontesté d'une nombreuse famille. Un mythe propre à faire accepter par les enfants de paysans devenus adultes une situation problématique : vivre sous la tutelle des parents qui restent jusqu'à leur mort propriétaires de la terre. Mais de plus en plus de jeunes paysans ne veulent pas attendre pour prendre leurs responsabilités, et gérer une exploitation comme ils l'entendent. J.P. Dessert, à 37 ans, las d'être "le domestique de son père", a pris des terres en fermage, et est l'animateur d'un groupement de production bovine. Il a hâte de réussir et se voit comme un "gars costaud", capable de triompher des difficultés où beaucoup d'agriculteurs achoppent. Est-il nécessaire d'être propriétaire de la terre qu'on travaille ? Comme d'autres jeunes agriculteurs, il se pose le problème, d'autant plus que, depuis l'abolition du droit d'aînesse en 1789, celui des enfants qui reprend l'exploitation familiale doit racheter les parts de ses frères et sœurs en s'endettant, parfois pour la vie. Ces questions sont de pure rhétorique pour une catégorie de travailleurs de la terre : les ouvriers agricoles qui sont sans terre et souvent sans famille. (résumé de 1966)