Albert Taque, témoin de la Libération de Rosporden en août 1944 Montage de Mathis Veillard et commentaire réalisé par Ludine Berry, Enora Benon, Anaïs Sinquin et Léo-Pol Sellin |
Le 3 août 1944, les troupes de la IIIe Armée du général Patton sont déjà en Bretagne et s'apprêtent à libérer Rennes. Ce même jour, au milieu de la litanie de messages codés diffusés sur les ondes de la BBC, une phrase célèbre retentit à 18 heures, annonçant l’ordre d’insurrection générale à la Résistance :
« Le chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros-Guirec ? »
Dès le lendemain, les résistants intensifient les sabotages contre les voies ferrées, les gares et les transformateurs. Ils multiplient les embuscades contre les soldats isolés et tentent même de libérer certaines zones alors que les Américains sont encore à une centaine de kilomètres.
Civils écoutant Radio Londres, Claude Marin, Dangers ! [14263], 1946 |
La ville de Rosporden se libère seule
Le matin du 4 août, Rosporden s’apprête à vivre un véritable épisode de guérilla. Il est 5h, la ville est calme. Un train de l’Organisation Todt – organisme chargé de la construction des bunkers du Mur de l'Atlantique – stationne en gare avec une centaine de soldats à son bord. Tout autour, tapis dans l’ombre, les résistants du bataillon Mercier se préparent à provoquer l’ennemi.
Reconstitution de l’attaque du maquis de Coat Mallouen (Saint-Connan dans les Côtes-d'Armor), dans le film de Anselme et Guy Delattre, Libération de Guingamp 1 [30749], 1945 à 1946. |
À 5h15 précises, une première section de F.F.I. attaque la Kommandantur de Rosporden, lançant des grenades par les ouvertures avant d'incendier le bâtiment. Simultanément, une autre action est menée contre le poste de commandement de la ville.
Dans le même temps, une action est menée contre le train, tandis que des groupes de partisans s’installent aux entrées de la ville pour intercepter chaque mouvement de l’ennemi.
À 5h45, deux camions suivis d'une voiture sanitaire arrivent de Quimper, au niveau du quartier de Pont-Biais. Un groupe de F.F.I. leur tend une embuscade et immobilise immédiatement le convoi. Quelques heures plus tard, une dizaine d'autres camions empruntent la même route et se retrouvent à leur tour sous les tirs des fusils mitrailleurs. Après avoir infligé de lourdes pertes aux troupes allemandes, les F.F.I. doivent cependant se replier, acculés par les renforts arrivant de toutes parts. Finalement, à 8 h, les Allemands reprennent le contrôle de la situation et comptent bien se venger.
Camion allemand incendié devant l’une des maisons de Pont-Biais à Rosporden, Archives municipales et communautaires de Quimper, 44 Fi 116, Fonds Alain Le Grand. |
Les représailles
Immédiatement, l’occupant engage des représailles et organise une rafle, en particulier dans le quartier de Pont-Biais, où Albert Taque, âgé de 4 ans, vit avec sa famille. Les soldats incendient 32 maisons et font une vingtaine de prisonniers, qu’ils conduisent jusqu’à la Kommandantur, toujours en flammes. Le père d’Albert, conscient du danger de rester sur place, décide de partir chercher des batteries pour les Allemands, afin de réparer les camions endommagés pendant l’attaque. De retour auprès du convoi, il n’est pas immédiatement embarqué avec les otages et parvient donc à s’échapper.
Tandis que les otages sont conduits à Quimperlé, où ils prennent place dans des wagons qui se retrouveront piégés sous les tirs croisés entre les troupes américaines et allemandes à Quéven, les actions continuent à Rosporden, permettant la libération de la ville le 7 août 1944.
Albert Taque dans Albert Taque, témoin de la libération de Rosporden en août 1944 [43641], 2025 |
Portant le regard d’un enfant devenu grand sur ces événements, Albert Taque nous livre un témoignage précieux. Le montage du film a été réalisé par son petit-fils, Mathis Veillard, que nous remercions pour son implication dans le projet.
N.B : Les extraits utilisés dans le film sont à titre d’illustration et ne reflètent pas toujours fidèlement les lieux mentionnés. Seul le propos historique est authentique.
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