Dossier pédagogique : Visages et récits des Libérations en Bretagne

De Saint-Malo à Nantes, en passant par Brest, découvrez des images exceptionnelles de la Libération, capturées par des cinéastes amateurs et professionnels.

Dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération, la Cinémathèque de Bretagne présente un nouveau dossier pédagogique sur les différentes Libérations en Bretagne, réalisé par quatre étudiant·es du Master 1 Patrimoine et musées de l’Université de Bretagne occidentale. 

À travers les images d’archives tournées et les témoignages enregistrés par des cinéastes amateurs, comment les Libérations se sont organisées dans les différentes villes de Bretagne et quels récits restent-ils de cette période traumatisante et historique ? 

En 1944, la Bretagne entre dans une période charnière de son histoire. La Libération, tant attendue après toutes ces années d’occupation allemande, ne se déroule pas de manière uniforme dans chaque ville et village. Dans les campagnes comme dans les villes, les maquis bretons s'activent aux côtés des forces alliées. La Résistance, jusqu’alors clandestine, joue un rôle essentiel en sabotant les infrastructures ennemies comme les rails de trains par exemple, en recueillant des renseignements et en résistant contre les troupes d’occupation. Certaines villes dont Rennes sont libérées rapidement, tandis que d’autres, Brest et Lorient par exemple, seront libérées plus tard en raison de la forte présence allemande.

Bande-annonce du dossier pédagogique Visages et récits des Libérations en Bretagne

Mais derrière l’euphorie apparente de la Libération se cache un climat anxieux. Souvent, lorsque le sujet de la Libération est évoqué, le collectif pense aux rues remplies de monde pour célébrer la victoire et assister aux défilés des soldats américains sur les jeeps, souriant et envoyant des sucreries à la foule. Hors, grâce aux images tournées par des cinéastes amateurs et par des familles dans leurs quotidiens, les archives dévoilent une autre vision : le point de vue change pour révéler les traces, les violences et le traumatisme. Les films et les témoignages individuels des personnes ayant vécu cette période révèlent une réalité bien plus complexe et différente selon les actions menées dans les multiples villes bretonnes : des familles endeuillées, des villages détruits, une peur d’une guerre qui ne serait pas encore tout à fait finie, des règlements de comptes, des femmes accusées d’avoir eu des relations avec l’ennemi tondues en place publique, des scènes humiliantes et brutales et un grand besoin collectif de justice ou de vengeance. À cela s’ajoute la découverte progressive des horreurs de la guerre : les camps, les déportations, la collaboration à visage découvert. Le retour des résistants, mais aussi celui des survivants des camps, plonge la société dans un mélange de soulagement et de désarroi.

Ainsi, la Libération en Bretagne n’a rien d’un épisode uniforme. C’est un ensemble de récits héroïques et tragiques, de joies immenses mêlées à des douleurs profondes. Elle marque le début d’une reconstruction, autant physique que morale, dans une région blessée, mais déterminée à tourner la page.

Dans ce dossier, toute personne trouvera matière à travailler sur les longs parcours vers les Libérations en Bretagne, sur la singularité des expériences, les actions de résistances et la contextualisation historique. 

Les collections de la Cinémathèque de Bretagne détiennent des centaines de films exceptionnels et rares réalisés pendant la seconde guerre mondiale et la Libération. Il vise principalement à interroger et à mettre en lumière ces films de manière (re)contextualisée.