Un cinéaste au cœur d’un conflit colonial

Pour théoriser sa manière de faire et d’utiliser les images, René Vautier reprend à son compte la formule d’un critique qui qualifiait ses films comme des productions d’intervention sociale : « Le but du cinéma d’intervention sociale est pour nous de filmer ce qui est, pour agir sur le développement de cette réalité. Tous les groupes du documentaire se développent à partir de ces questions : à quoi sert de faire des images ? Qui sont les ennemis de nos images ? »

Dans cette perspective, comment filmer en professionnel la guerre d’Algérie ? Comment témoigner d’un événement traumatisant avec le cinéma ? 

L'analyse du corpus des films de Vautier peut éclairer son itinéraire et, en même temps, les rapports qu’il tisse avec l’Algérie dans un contexte troublé. Il est alors pertinent de comparer la quantité d’images produites par l’Armée française et les cinéastes (professionnels, amateurs) à celles réalisées du côté algérien pour mesurer l’écart qui sépare alors l’État français des maquisards et révolutionnaires algériens. C’est dans cet interstice que vient se glisser le travail de René Vautier, faisant ici écho à une citation de Serge Daney dans Les Cahiers du cinéma en 1980 : « les pays pauvres sont pauvres aussi en images d’eux-mêmes ». Toute sa vie, René Vautier a filmé dans le but de libérer la parole pour panser les plaies et établir un dialogue illustré d’une rive à l’autre de la Méditerranée.

Sommaire : 

◆ Raconter l’histoire de l’Algérie, de la période coloniale à son indépendance, par l’usage de l’archive et du témoignage

◆ Filmer la guerre et l’indépendance de l’Algérie au plus près