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barrage d'inféroflux du Tadjemout (Le) [13167]

1948 octobre à décembre | Albert WEBER

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Film amateur
Le film a été tourné dans le wilaya de Laghouat. Probablement un film de commande, Albert Weber le présentera ainsi :
"Au pied du dernier chaînon de l'Atlas Saharien dans une région inculte à l'orée du désert, des milliers d'hectares d’excellentes terres alluviales existent, mais au vu de la faible valeur des hauteurs de pluie, il est impossible d'envisager une culture permanente. Dans le cours du M'zi c'est l'inféroflux qui disparaît ou réapparaît : l'eau coule en profondeur sur le lit imperméable entre la chaîne du Djebbel Amour et les Monts des Ouled Nails. Dans ce lit de l'Oued M'zi comblé de sable coulait de l'eau sur une profondeur de 5 mètres environ et une largeur de 300 mètres. Le projet d'un tel barrage dans ces sables repose sur cette technique : une succession de 23 cellules en ciment collectent l'eau, chaque cellule est reliée à une grosse conduite de 100 noyées dans le mur du barrage qui amène l'eau ainsi collectée dans un bassin d'où l'eau est distribuée pour l'irrigation. Ce barrage ne dépasse que de peu la hauteur du lit de sable de la rivière évitant ainsi d'être emporté par une crue subite. Le débit régularisé de cet ouvrage varie de 400 à 800 litres secondes. Les conduites de 3300 mètres de tuyaux de 100 de diamètre sont fabriqués à Laghouat par la Société Bonna."
 
Ce film fait partie d'un corpus analysé par les historiens et enseignants Gilles Ollivier, Vincent Marie et Reynald Derain dans le cadre du dossier pédagogique D’un regard à l’autre : L’Algérie coloniale, la guerre d’indépendance au miroir des cinémas amateur et militant.
 
Pour Albert Weber, il s’agit de filmer la mise en place d’un moyen d’irrigation dans la région désertique de Laghouat grâce à un forage pour aller chercher l’eau en profondeur et la stocker. Le film est commandé par le gouverneur français en Algérie pour les « grand travaux de la colonisation ». Albert Weber a écrit le texte ci-dessus expliquant ce qui se trouve dans le film.
 
L’objectif du texte comme du film est clair : faire comprendre aux populations les « bienfaits » de la colonisation et de l’apport que peut offrir la métropole, ici de l’eau et des cultures, dans un espace aride. Albert Weber filme dans le détail toute la réalisation des travaux, s’étalant de juin à décembre 1948 en indiquant l’action grâce à des cartons.
 
Le film devient une archive sur le travail des ouvriers algériens dans une zone d’aménagement gigantesque et sur l'organisation sociale d'un chantier supervisé par des colons.
Albert Weber, un cinéaste amateur sur tous les fronts.

Albert Weber (1905 - 1992) est né à Thann, dans le Sud de l’Alsace. Il suit des études de médecine et s’oriente vers la chirurgie-dentaire. En 1925, il incorpore les services de santé de l’armée à Lyon, avant d’être envoyé à Beyrouth l’année suivante. En 1936, il part pour l’Algérie dans le cadre d’un nouvel engagement auprès de l’Armée française, notamment pour l’Hôpital de Laghouat. Plus précisément, il est conventionné par l’Armée pour des missions médicales dans le M’Zab. Il s’agit d’une région berbérophone au nord du Sahara algérien, à environ 400 km d’Alger, traversée par un oued (fleuve) éponyme, d’une superficie d’environ 8000 km2 et de près de 200 000 habitants environ, dont la ville principale est Ghardaïa. C’est là qu’il commence à filmer en amateur et rencontre également sa future épouse, Andrée, institutrice d’origine bretonne.

Durant les vingt-six années passées en Algérie, Albert Weber filme énormément, la région lui servant en quelque sorte de laboratoire pour apprendre et se perfectionner. Il utilise d’abord le 9,5 mm noir et blanc, par la suite il s’adapte aux nouveautés sur le marché de l’audiovisuel amateur. En 1942, il change son format de film au profit du 16mm, d’abord noir et blanc puis en couleur. Grâce à sa caméra, Albert Weber se place, dans la région de Laghouat, au sud de l’Algérie, comme une véritable figure du cinéma amateur. Par ses films, nous pouvons aisément connaître sa vie et ses engagements car il filme dès qu’il en a l’occasion. Ainsi, il tourne un peu sur tous les fronts, de l’armée aux cultures sahariennes vues par un œil européen en passant par la médecine, l’urbanisme ou encore ses engagements associatifs.

Certains films ont également été utilisés pour financer des œuvres caritatives, telles que la Croix-Rouge ou l’Association des Amis du Sahara, et d’autres récompensés, comme par exemple Images Sahariennes (1949), premier prix de cinéma amateur, ainsi que Missions Ophtalmologiques la même année. Dans les années cinquante, Danses du Sud est primé à un festival d'Alger. Étrangement, Albert Weber ne filme pas ce qui pourrait se rapporter directement à la guerre d’Algérie, qui est un peu moins présente dans le sud de l’Algérie, alors que de nombreuses images sont tournées au cœur de défilés militaires, dont un quelques mois après l’indépendance.

Dès 1963, quelques mois après l’indépendance, Albert Weber et sa femme sont contraints de quitter l’Algérie, comme de nombreux Français. Ils s’installent tous les deux en Bretagne, à Pontrieux dans les Cotes-d’Armor. Albert Weber continue de tourner des films, en Bretagne et ailleurs en France, notamment en Alsace, sa terre natale. Durant les dernières années de sa vie, il s’engage un peu plus dans la commune. Il siège au Conseil municipal de Pontrieux dès 1965 et est élu maire divers gauche entre 1971 et 1983. Il y vit jusqu’à sa mort et la petite ville se retrouve au cœur d’un certain nombre de films, comme Laghouat l’était lorsqu’il vivait en Algérie. En 1984, il range définitivement sa caméra après le carnaval de Pontrieux, ville où il décède en 1992.

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01:04:08:0801:04:43:2100:00:35:13Carton des films de Albert Weber « ALWEB Sahara Films » Présente : "Les grands travaux du service de la colonisation et de l'hydraulique du gouvernement général de l'Algérie. Le barrage d'inféroflux de Tadjemout (Oued M'Zi) près de Laghouat (Sud algérien). Travaux réalisés par la Société Algérienne des entreprises Chaufour-Dumez. Ce barrage est une suite de cellules filtrantes en béton qui captent l'eau qui se perdait dans les sables du lit de l'oued," 
01:04:43:2201:05:01:0700:00:17:10PE Le site de construction du barrage. Des matériaux sont entreposés autour du chantier. Des hommes (ouvriers algériens) travaillent, chacun à leur poste.  
01:05:01:0801:05:12:0800:00:11:00PR La construction. Un homme français, écharpe blanche autour du coup, debout sur un bloc de béton, supervise le chantier et observe. Un ouvrier algérien transporte des seaux derrière lui.  
01:05:12:0901:05:29:1900:00:17:10Plan du barrage sur fond noir, mouvement des cellules filtrantes qui se dirigent vers le barrage. Suite du texte de présentation : « les collectent, puis les déversent dans la conduite d’irrigation. Longueur de l’ouvrage : 300m (23 cellules). Le dessin. Carton texte : « mise en fiche et battage des Palplanches qui formeront caissons et coffrages ».  
01:05:29:2001:05:36:2300:00:07:03Les ouvrier algériens œuvrent au montage des cellules de béton. La grue soulève les éléments, les hommes accompagnent les opérations, creusent, enterrent les pièces de béton les unes à côté des autres. Deux ouvriers sont postés sur la grue et actionnent un mouvement répétitif pour enterrer les plots de béton. Des ouvriers au sol creusent à la pioche et d’autres déplacent la terre à la pelle.  
01:05:36:2401:06:39:0600:01:02:07Carton « le bétonnage des fonds de caissons (fondation de l’ouvrage) 
01:06:39:0701:07:04:0700:00:25:00Deux bétonneuses sont installées sur un mur en pierre. Les ouvriers, protégés par des turban ou des chapeaux, acheminent la terre pour l’opération de bétonnage des fonds de caissons à l’aide de pelles. La terre est chargée sur des bennes de camions qui transportent les matériaux jusqu’au chantier où attendent d’autres ouvriers. A l’aide de pelles, ils transvasent le matériau dans la zone de bétonnage. Un homme en chemise et short (un Français) regarde les ouvriers travailler. 
01:07:04:0801:07:28:2000:00:24:12PR Le béton arrive par une goulotte, les ouvriers algériens le transportent vers les zones à renforcer, sous l’œil du chef de chantier français. Les pieds dans le béton humide, les ouvriers remplissent les emplacements, d’autres tassent.  
01:07:28:2101:07:36:0900:00:07:13Carton « des injections de collage ont été nécessaires à certains points pour réduire des fuites importantes sous le rideau des palplanches. » 
01:07:36:1001:07:54:1000:00:18:00GP Les parois en terre de la construction, l’eau ruisselle. Des planches sont cloutées les unes aux autres, l’eau se déverse.  
01:07:54:1101:08:17:0000:00:22:14Au cœur du chantier, les ouvriers regardent l’eau s’écouler. L’eau passe par les tuyaux et canalisations installés. Les palplanches sont immergées peu à peu.  
01:08:17:0101:08:21:1900:00:04:18Carton « murs en parpaings creux entrée de l’eau (parement amont des filtres) 
01:08:21:2001:08:29:0400:00:07:09GP Les murs en parpaings creux du barrage. 
01:08:29:0501:08:32:1400:00:03:09Dessin du barrage, texte : « mur en parpaing creux » 
01:08:32:1501:08:38:1000:00:05:20Carton « ferraillage du dessus des caissons (dalle armée constituait la roule) 
01:08:38:1101:08:48:0900:00:09:23Ferraillage du dessus des caissons. 
01:08:48:1001:08:50:1900:00:02:09Dessin du barrage, la route est signalée. 
01:08:50:2001:08:59:1400:00:08:19La route en construction. 
01:08:59:1501:09:02:1400:00:02:24Carton « arrachage des palplanches » 
01:09:02:1501:09:23:1400:00:20:24Des ouvriers sont réunis autour de la grue, un ouvrier la conduit. Chacun a sa fonction, le conducteur manie les opérations, la grue est en mouvement. Vue depuis la grue, les hommes sont au pied des deux grutiers en mouvement.  
01:09:23:1501:09:27:1400:00:03:24Carton « pertuis d’écoulement des eaux de surface et de crue ».  
01:09:27:1501:09:37:0800:00:09:18PE La route au-dessus du barrage. 
01:09:37:0901:09:41:0000:00:03:16Dessin du barrage, annotation fléchée « pertuis d’écoulement ». La flèche se déplace pour indiquer le circuit.  
01:09:41:0101:09:48:0000:00:06:24Carton « la conduite d’adduction comporte 1000 mètres de tuyaux de 1000m/m et 3.300 mètres de tuyaux de 800m/m" 
01:09:48:0101:09:51:2300:00:03:22Carton « les fouilles » 
01:09:51:2401:10:02:0400:00:10:05Des ouvriers algériens creusent sous le regard d’un chef de chantier français. Sur une butte de terre, une grue apporte un seau rempli qu’un ouvrier vide sur le tas existant. Il doit faire attention à ne pas se faire renverser par le mouvement du seau.  
01:10:02:0501:10:19:2000:00:17:15Vue en plongée, des ouvriers sont au travail. Un homme tient un marteau-piqueur. Panoramique sur l’ensemble de la zone du chantier. Des hommes installent des planches de bois pour renforcer une tranchée.  
01:10:19:2101:10:27:1400:00:07:18Des ouvriers algériens habillés en tenue de tous les jours creusent une tranchée. Leurs manteaux sont posés sur le bord de la tranchée. Ils sont munis de pioches et de pelles, creusent et ramassent la terre. D’autres ouvriers dégagent la terre déposée par les ouvriers de la tranchée. D’énormes tuyaux sont posés sur le côté de la tranchée.  
01:10:27:1501:10:30:0700:00:02:17Carton « la fabrication des tuyaux type « Bonna » » 
01:10:30:0801:10:40:1400:00:10:06Panoramique latéral, des centaines de tuyaux sont rangés au sol.  
01:10:40:1501:10:43:0000:00:02:10Carton « Arrivée et criblage du gravier » 
01:10:43:0101:10:54:0000:00:10:24Des ouvriers algériens déchargent du gravier depuis un camion-benne. 
01:10:54:0101:10:58:0400:00:04:03Carton « préparation du ferraillage et mise en place de l’armature » 
01:10:58:0501:11:23:0400:00:24:24Opération de ferraillage, les hommes transportent la ferraille en rouleau à main nue. Ils déposent les rouleaux dans des réservoirs pour remplissage. 
01:11:23:0501:11:27:0400:00:03:24Carton « remplissage et centrifugation » 
01:11:27:0501:11:47:0700:00:20:02Les ouvriers chargent du béton dans une centrifugeuse à l’aide de pelles. Le rythme est soutenu.  
01:11:47:0801:11:50:1300:00:03:05Carton « après 24 heures, démoulage » 
01:11:50:1401:13:13:0900:01:22:20Les ouvriers poussent à la main les grues transportant les moules à tuyaux. En bout de ligne, ils retirent le moule à la force de leurs bras et font rouler le tuyau vers la réserve pour les charger sur les camions. Les camions roulent en direction du chantier de construction, une épaisse fumée noire se dégageant du pot d’échappement.  
01:13:13:1001:13:16:0400:00:02:19Carton « la mise en place des tuyaux » 
01:13:16:0501:13:28:0900:00:12:04Un portique est installé au-dessus de la tranchée, portant un tuyau. Les ouvriers algériens guide sa descente à l’aide des chaînes. Certains ouvriers sont dans la tranchée, d’autres sur les côtés. Une dizaine d’hommes est nécessaire.  
01:13:28:1001:13:33:2000:00:05:10Carton « le jointage : plomb cordé, maté, entre bague métallique et tuyaux… » 
01:13:33:2101:13:54:1900:00:20:23Deux ouvriers algériens effectuent le jointage. GP Parties du tuyau jointées. 
01:13:54:2001:14:12:1600:00:17:21Le chef de chantier, un militaire et un troisième homme, tous trois Français, observent le chantier. En contrebas, deux ouvriers terminent le jointage. 
01:14:12:1701:14:22:0200:00:09:10Carton « 400 à 800 litres-secondes, tel sera le débit de cette belle réalisation française dans notre Sud-Algérien ». Carton « Fin » 

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