En 1956, Daniel Chicault cumule dix années de pratique photographique, à l’occasion de cinéaste amateur. Cette même année, il projette une expédition pour réaliser un film documentaire 16mm couleur dans l’inspiration de “Connaissance du Monde” et le présenter Salle Pleyel à Paris.
Après cinq années passées au Maroc, son choix se porte sur les Berbères, ethnie qui l’a toujours intéressé et fasciné. Afin de mieux les comprendre, il souhaite les rencontrer là où leurs coutumes se sont maintenues à l’état pur, dans des régions difficilement accessibles, le Haut-Atlas :
« La beauté des paysages, l’accueil légendaire, la fierté d’une population retirée dont la survie dépend de la somme d’efforts fournis par la communauté, m’attiraient depuis longtemps ! Puisque je le pouvais, que je le désirais au plus profond de moi, je me devais de fixer cette période, cette mémoire d’une tribu.»

C’est M. Besancenot, photographe reconnu pour ses efforts dans le tourisme, ses études, photographies et documentaires sur les Berbères, qui l’oriente vers les fameux danseurs “Tiskiouine” qui n’avaient jamais été filmés dans leur tribu. Les événements dramatiques que traversaient le Maroc à cette époque pouvaient mettre un frein au projet mais Maître Tahiri, chef de cabinet de Maître Guédira, Ministre de l’Information et du Tourisme, permis de surmonter les différentes difficultés de ce séjour dans la Haut-Atlas marocain.
Le Maroc avait connu de graves événements, son indépendance obtenue en mars 1956 après le retour d’exil du Sultan Mohammed V, ne faisait que préfigurer une unité territorial qui ne se fera réellement qu’en juin 1957. C’est donc dans un pays où toutes les tribus ne sont pas soumises à l’autorité de Rabat, que Daniel Chicault, accompagné de son ami et interprète Roland Maréchal, se rend et séjourne en tribu Seksaoua sur le versant nord du Haut-Atlas et pays M’Gouna (oued M’goun) sur le versant sud de mars à juin 1957.
Il en rapporte des images d’une rare qualité, paysages magnifiques, portraits colorés d'une population avec laquelle il est en parfaite empathie.