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Films
en accès libre

Benoîte Groult, le temps d'apprendre à vivre [20782]

2008 précisément | Martin Jean-Baptiste

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Film professionnel | Bretagne

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    • Genre
    • Documentaire
    • Durée
    • 00:52:05
    • Format durée
    • MM - Moyen métrage
    • Son
    • Sonore
Collection "Empreintes"
Dans ce nouveau volet d’Empreintes, Benoîte Groult parle bien sûr de son féminisme. Mais pas seulement. Elle évoque aussi ses parents, hommes de sa vie, son émancipation, ses livres, les lieux qu’elle aime ou son combat en faveur de l’euthanasie. L’écrivaine et journaliste se confie, librement, encore formidablement jeune à 88 ans.

"C’est à 55 ans que je suis née au féminisme. Il m’a fallu tout ce temps-là pour secouer mon éducation bourgeoise - pourtant artiste, moderne, privilégiée ; ma situation de jeune fille rangée, élevée dans des écoles catholiques, non mixtes. Il m’a fallu beaucoup de temps, surtout que j’étais une personne obéissante, pas du tout une révoltée. C’est 1968 qui m’a fait découvrir que, finalement, j’étais féministe. Ce que je ne savais pas. Ce n’était pas une théorie philosophique ; c’était vraiment le résultat de mon expérience. On n’imagine pas, on n’image plus la détresse qui était la nôtre quand nous tombions enceintes. Nous aurions tenté n’importe quoi ! N’importe quoi ! Toutes : les riches et les pauvres ; les adolescentes et les femmes qui se croyaient ménopausées ; les putes et les sages qui n’avaient couché qu’une fois et qui étaient prises ; les abandonnées et les mères de cinq enfants déjà. Toutes ! En fait, c’était une tradition familiale. Ma mère, qui aimait la littérature, la peinture, les arts, nous avait donné cette loi, à ma soeur et à moi : "Tous les soirs, mes filles, vous écrivez votre journal, vous vous lavez les dents. Voilà les deux choses à faire avant de vous endormir." Alors nous avions chacune notre journal, qu’elle venait lire en cachette comme toute mère qui veut savoir ce qui se passe dans les tréfonds de l’âme de ses enfants. D’avoir été féministe, ça n’est plus du tout honorable. Et ça m’a nui dans le monde littéraire parce qu’on me considère comme un auteur féministe et pas tout à fait comme une romancière. J’avais envie de faire ma médecine, et ma mère m’a dit : "Si tu fais ta médecine, c’est sept ans d’études, ça décourage un homme. Tu seras un bas-bleu, les hommes n’aiment pas les bas-bleus. Il vaut mieux faire quelque chose de plus gracieux."J’ai fait une licence de lettres. Il fallait désobéir pour exister, dans le temps, alors qu’aujourd’hui les filles, au contraire, sont complètement libres. Elles font Polytechnique, elles font l’école qu’elles veulent. Je me suis mariée avec un étudiant en médecine, et il est mort huit mois après. Ce mariage n’a pas été long. Mais ça m’a donné un état social. J’étais veuve, et ça, c’est un état social. C’est affreux à dire parce que j’avais été très heureuse dans ce premier mariage et je ne le regrette pas, mais, étant veuve, ça y est, j’étais une femme, j’étais épanouie. Je me suis mise à travailler avec plus d’ambition et de courage. J’existais. Vers 1943, la fille des bijoutiers en face de chez nous, rue de Bourgogne, est venue sonner à la porte en disant : "On a emmené mes parents aujourd’hui, on a mis les scellés sur leur magasin. Je ne sais pas où aller, je sais que vous avez deux filles du même âge… Est-ce que vous voulez bien me cacher, me recueillir ?" Mon père a tenu un conciliabule avec sa femme et il a décidé que c’était trop dangereux, que, s’il était dénoncé par quelqu’un de la rue qui la voyait entrer et sortir, on serait arrêtés, tous. Alors on a décidé de lui dire : "Au revoir, mademoiselle. On a des responsabilités, des enfants dont on ne veut pas qu’ils gâchent leur vie. On ne peut pas vous prendre. Vous avez sûrement de la famille…" Je me souviens que j’ai eu très honte, mais je n’ai pas bronché. Je n’ai pas dit : "Papa, j’exige qu’on la prenne." Je ne l’ai pas dit… (…) J’ai eu honte de moi, pas honte de mon père. ”

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