Nous traversons des landes, des villages, des villes, Quimper, petite cité du moyen âge si fraîche dans son vallon, avec ses vieilles maisons curieuses que domine la masse imposante de sa cathédrale ; le petit port de pêche de Concarneau, dont les deux tiers de la population pêchent la sardine ; Pont-l'Abbé, la cité la plus bretonne de toute cette Bretagne bretonnante qui va du Morbihan à la pointe du Raz. A l'entrée, un vieux château, flanqué de tours, mouille le pied de ses murs dans un étang triste, avec des vols d'oiseaux sauvages. Dans les rues étroites, aux maisons séculaires, les hommes portent le chapeau aux bords immenses, le gilet brodé et les vestes superposées. Les filles, grandes, belles, fraîches, ont la poitrine écrasée dans un gilet de drap qui forme une cuirasse. Elles sont coiffées d'une étrange façon. Sur les tempes, deux plaques brodées en couleur encadrent le visage, serre les cheveux, qui remontent se tasser au sommet du crâne, sous le bonnet. A Saint-Guénolé, la grande ligne des flots gris semble dominer toute la campagne nu et basse. Crevant partout la vague, des roches, des troupeaux d'écueils pointus montrent leurs têtes noires cerclées d'écume. Une croix, sur un rocher, désigne l'endroit où la tempête balaya du même coup cinq personnes. C'est le pays des naufrages. Aucune côte n'est plus dangereuse, plus redoutée, plus mangeuse d'hommes.