Depuis avril 2009, Entrefil, la newsletter de la Cinémathèque de Bretagne vous tient informé mensuellement des activités de la Cinémathèque en matière de collectages, diffusions culturelles, expositions ou documentaires utilisant nos archives.
Pemp real a vo !
Les 100 ans de la grève des sardinières
Au commencement, il y a la mer, pas n'importe quelle mer,
la mer de la baie de Douarnenez.
Dans la mer il y a des sardines par milliers, traquées par de farouches marins.
Portées à l'usine, étripées, étêtées, emboitées par les femmes des marins dans les cinquante usines de la ville.
Mais un jour, les femmes prennent la colère : leurs enfants ont faim.
Elles travaillent pour rien.
Elles réclament 25 sous de l'heure, Pemp Real a vo !
Bientôt la grève est unanime.
Chaque jour les femmes d'usine défilent dans les rues.
46 jours de lutte de cris de chants et au bout
100 ans après nous savourons toujours cette victoire.
Nous nous gorgeons de leur courage, nous célébrons la solidarité.
En 1989, j'ai eu le bonheur de rencontrer quelques-unes de ces vaillantes.
À cette époque, les fêtes maritimes célébraient la mer et les marins.
Les femmes étaient les grandes oubliées de cette mémoire, effacées de leur communauté maritime.
J'ai voulu équilibrer les souvenirs.
Les femmes aussi avaient à raconter.
Au chaud dans leur cuisine, autour d'un café pain beurre, elles m'ont raconté leur vie de labeur, corvéables à merci de jour comme de nuit, embauchées à 12 ans parfois jusqu'à 80 ans, 15 heures par jour en pleine saison. Il y a aussi la vie hors de l'usine, le ramendage des filets, les enfants, le lavoir. Et la vie entassée dans une pièce les uns sur les autres. Pas une minute à elles. Le manque de sommeil, la faim, la maladie. Les femmes sont les forçats de la mer, une masse laborieuse en apparence soumise mais elles ont un caractère bien trempé et elles vont le montrer.
En 1989 quelques femmes portent encore la coiffe « penn sardin ». En 1989, le parler douarneniste, un mixte de breton et de français, est encore présent et on se régale de ces voix qui chantent, de cet accent qui allège le récit de la dureté de leur vie.
Très vite elles basculent vers ce qui a été l'affaire leur vie : la grève de 1924. Le slogan jaillit « Pemp real a vo » elles le reprennent toutes en chœur, les visages s'illuminent, elles redeviennent sœurs de lutte et entonnent
« Saluez riches heureux ces pauvres en haillons
saluez ce sont eux qui gagnent vos millions ! »
Le drapeau rouge flotte à nouveau dans leur mémoire, leur colère contre un patron réputé pour sa cruauté est toujours présente « Bezier à l'eau ! Maquereau ! ». Elles ressuscitent leurs camarades : Charles Tillon, Marcel Cachin, Le Flanchec, Lucie Colliard.
Aujourd'hui comme hier elles sont fortes de leur solidarité, elles n'ont rien lâché ! Elles ont gagné et la nouvelle de leur victoire a fait le tour du monde. Il aurait été dommage de se priver de cette mémoire.
Aujourd'hui, « L'usine rouge » est le seul film où l'on peut voir et entendre des grévistes de 1924. L'énergie de ces femmes nous encourage à croire qu’un autre monde est possible.
Grâce à elle la victoire n'est pas une option.
Merci mesdames,
Marie Hélia, réalisatrice
Plongez dans l'univers des conserveries avec ce film réalisé en 1942 dans l'entreprise Courtin Frères de Concarneau. Tourné par le patron de l'entreprise, Jehan Courtin, ce film présente les techniques de fabrication traditionnelle des sardines à l'huile et du thon en boîte.
Gilles Ollivier clôt sa série sur l'histoire du cinéma amateur avec deux derniers articles : Cinéastes amateurs et professionnels du cinéma et Où est passé l’amateur ? Du “cinéaste du dimanche” à l’internaute.
NOTRE SÉLECTION
Dans le cadre du Mois du Doc à Penmarc'h, Le Palais, Baud...
Un documentaire de Louise Hémon (2023, 38 min) > Hutong Productions
Première femme océanographe française à pénétrer le monde fermé des marins, Anita Conti embarque en 1952 sur un chalutier pour partager la dure vie des pêcheurs de morue en Atlantique. Durant six mois, avec sa caméra et ses appareils photo, elle est la seule femme parmi soixante hommes.
Partant de ses images, d’extraits lus de ses journaux de bord et d’archives audio de sa voix, le film dessine le portrait de cette femme pionnière qui avait pressenti la nécessité de la protection des océans.
Jeudi 14 novembre à 18h à Nantes
Un film de Tesslye Lopez et Isabelle Mandin (2022, 60 min) > Les films Hector et Nestor
Ce film suit l’aventure collective d’agricultrices de Loire-Atlantique qui échangent sur la faible reconnaissance de leur travail par la profession. Un éveil au féminisme et à la sororité. Lors des réunions mensuelles avec Émilie, l’animatrice du Groupe Femmes, les agricultrices se découvrent. Elles apprennent de leurs différences, se forment et débattent. Elles puisent de la force dans leurs expériences communes. Ensemble, elles vont explorer de nouveaux champs des possibles, oser dire et questionner un modèle agricole qui peine à leur laisser une place.
Samedi 23 novembre à Pluvigner
Un programme original de la Cinémathèque de Bretagne (1925 à 1981)
L’association Vidéo Graphie Auray réunit plusieurs structures autour de deux séances montrant des films d’archives de familles tournés dans la commune de Pluvigner et ses alentours.
Cette séance est un moment unique pour replonger dans les images du passé grâce aux fonds de la Cinémathèque de Bretagne tout en partageant des souvenirs ensemble.
En partenariat avec Vidéo Graphie Auray, le CCAS, Pluvigner patrimoine et Ti Douar Alre.
ET AUSSI...
Mardi 5 novembre à 22h45 sur ARTE
Une série docu-fiction réalisée par Frank Deves & Olga Chajdas (6x52, 2024), produite par LooksFilms GmbH
De la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1960, qui virent le monde se fracturer entre l’Est et l’Ouest, cette série documentaire retrace les destins de six personnages réels, parmi lesquels l’ingénieur allemand Wernher von Braun, passé des rangs nazis au service de la Nasa, le leader soviétique Nikita Khrouchtchev et la future première ministre d’Israël Golda Meir.
Près d’une minute d’extraits de films de Georges Daumezon, principalement issus de Hôpitaux (Blida) permettent de situer un moment crucial de la vie de Frantz Fanon.
Les trois premiers épisodes seront diffusés à la suite le 5 novembre et les trois suivants le 6 novembre.
Jeudi 28 novembre sur France 3 Pays de Loire
Un documentaire de Gérard Uginet (2024, 52 min) produit par 24images.
De son vivant Odette du Puigaudeau était assez connue, mais elle ne bénéficie pas d’une postérité aussi grande qu’Anita Conti ou Isabelle Eberhardt. Pour autant, elle a été honorée par l’Académie française pour l’un de ses ouvrages, et a reçu un écho médiatique très important. Reconnue dans le milieu ethnographique pour sa grande connaissance des tribus maures, alors qu’elle n’a pas reçu de formation universitaire, elle a acquis son expérience sur le terrain et a servi d’intermédiaire entre le monde scientifique et les populations locales.
Des extraits de Pont-Croix, Audierne, Sein (Lantier, 1936 - Collections du Musée de Bretagne) contribuent à illustrer la vie de cette exploratrice méconnue.
À voir jusqu'au 11 décembre sur France.TV
Un documentaire écrit et réalisé par Isabelle Clarke et Daniel Costelle (2x52 min, 2024) produit par CC&C.
40 secondes de Libération de Guingamp 1 (Guy et Anselme Delattre, 1944 à 45) et de Album de famille (Serge de Marchi, 1944 à 45) ont été utilisées.
À voir jusqu'au 14 octobre 2025 sur France.TV
Un documentaire de Pierre-François Lebrun (52min, 2024) produit par Aligal Productions.
Plus de 10 secondes d’extraits du film Guingamp, trouvailles montrent Guillaume Seznec après sa libération, entre 1948 et 1950.
D'ar 4 a viz Du 1925 e oa bet kondaonet Gwilhom Sezneg d'al labourioù ret a-hed e vuhez, anavezet kablus da vezañ lazet Pêr Kemener, kuzulier-departamant Penn-Ar-Bed. Kaset e oa bet d'ar galeoù e Gwiana e-pad 23 vloaz, ha dieubet d'ar 14 a viz Mae 1947 da 76 vloaz.
Filmet e oa bet gant un den dianav e ti e c'hoar-gaer e Maner Kerjoli, gant ar barner Herve hag an Itron Bosser, sekretourez Kevre Gwirioù Mab-Den e Breizh.
En français - Guillaume Seznec est condamné le 4 novembre 2025 aux travaux forcés à vie (voir le sujet en français)
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