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Films
en accès libre

Vendredi 28 mai 2010



Aujourd'hui, Denise Masson, commerçante et fille d'un ancien maire de Molène, est venue accompagnée d'Alice Monot pour décrypter de nouvelles images. Puis ce fut le tour de deux anciens pêcheurs, Gilbert Bidan et Patrick Creac'h, un des érudits molénais, qui ont livré des explications essentielles sur les transports maritimes. La journée s'achève par l'arrivée de Jean-François Delsaut, autre animateur de la Cinémathèque, et de Louis Brigand, professeur de géographie à l'UBO (Université de Bretagne Occidentale) et fin connaisseur des îles.



La jeunesse de Patrick Créac'h a été marqué par le développement des transports vers l'île. Il devenait de plus en plus facile d'aller sur le continent. Il raconte ce développement des transports tel qu'il l'a connu.

Le premier bateau qui a fait la liaison régulière avec les îles Molène et Ouessant fut l’ « Enez Eussa I », juste après la guerre. Il passait deux fois par semaine, le mardi et le vendredi. Et il transportait tout : les passagers, courrier, nourriture, bêtes…

 



L'"Enez Eussa", premier du nom, devait desservir les îles par toutes conditions de navigation, avec bien peu d'abris pour les passagers. Photogrammes extraits des films "Promenade à Molène" de Corentin Beauvais (1950 environ) et "Rouen-Tunis-Ouessant" d'André Mocaër (1949)

L’ « Enez I » était l’ancien yacht royal de Ferdinand de Bulgarie, construit en 1905 à Glasgow. Il a été mitraillé par un avion anglais le 10 avril 1943 et ensuite coulé par les Allemands dans l’Elorn, à la débâcle. Après la guerre, on l’a renfloué aux chantiers Dubigeon à Brest. La compagnie maritime publique appelée Service Maritime Départemental l’a affrété pour relier les îles au continent jusqu’en 1961.


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Le chargement et le départ pour Molène et Ouessant du "Roi Gradlon", un baliseur qui a, en 1948-49, temporairement remplacé "l'Enez Eussa I". Extrait du film de Jean Richarme, "Ouessant 1949".


L'embarquement des passagers au Conquet était sportif : le bateau ne pouvant pas aller à quai, tout était passé par dessus bord au large. Extrait du film "Enez Eussa 47" d'André Mocaër"

A l’époque, sur l’« Enez Eussa I », les passagers, les marchandises, les paquets divers, tout était mêlé sur le pont. Il arrivait parfois, durant la traversée, qu’on soit obligé de s’asseoir sur un cercueil.

D’autres bateaux prenaient le relais lorsque l’ « Enez Eussa I » était au carénage ou en réparation. Dans ce cas c’était des baliseurs comme le « Roi Gradlon » ou le « Georges de Joly ». Les conditions de transports étaient pires : aucun vrai abri et mieux valait être bien couvert. Le « Roi Gradlon » est toujours en service comme baliseur à Lorient.


La traversée se faisait sur le pont extérieur. Extrait du film "Ouessant 49" de Jean Richarme (1949)


Arrivée à Molène. Extrait du film d'André Mocaër, "Enez Eussa 47" (1947)

Le bateau jetait ses ancres au large car il ne pouvait pas trop s’approcher de l’île : il n’y avait pas de fond au niveau de la cale du vieux môle. On débarquait les passagers avec les deux annexes de l’ « Enez » et le fret avec la vedette « Dr Tricard ». L’endroit du débarquement dépendait de la marée : à marée basse c’était à la « cale neuve » en bas de chez Fine Cornen, à marée haute c’était au vieux môle au port. L’arrivée était toujours un événement pour ceux de l’île. La population était regroupée pour voir les passagers descendre. Les commentaires allaient bon train.


A l'arrivée du bateau, les Molénais venaient en nombre pour accueillir les nouveaux arrivants, ou s'informer de qui était sur l'île. Extrait de "Promenade à Molène" de Corentin Beauvais (1950 environ).

 

Les conditions de transport se sont améliorées avec l’ « Enez Eussa II », mis en service en février 1961. Le bateau mettait entre 1h et 1h40 pour venir du Conquet. Il partait à 8h30 de Brest, et arrivait aux alentours des 11h15 à Molène.

A l’étrave, il y avait des salons de première classe. Les salons de seconde classe étaient à l’arrière du bateau, mais les passagers n’y allaient jamais car ça sentait le gasoil et le bruit des machines y était assourdissant. Du coup, les passagers préféraient aller sur le pont ou dans les coursives, même par mauvais temps. Ce bateau, qui tenait bien la mer, a desservi l’île jusqu’en 1977.

 

L'"Enez Eussa 2" mis en service en 1961. Son nom veut dire île d'Ouessant en breton, et les Molénais préféraient l'appeler simplement "Enez"


A bord de "l'Enez Eussa II" par gros temps. Extrait de "Ouessant 68-69" de Jean-Pierre Gestin (1968)

Une nouvelle cale, la digue du « Bon Retour » a été construite au nord de l’île en 1975. Ça a aussi été une avancée car elle a permis aux bateaux de passagers de venir directement à quai. C’est toujours celle où l’on débarque aujourd’hui.


Le "Bugel Eussa" avait la réputation de moins bien tenir la mer que ses prédécesseurs. Avec moins de tirant d'eau il pouvait mieux manoeuvrer dans le port de Molène. Extrait de "Liaisons maritimes" de Paul Masson (1974)

Dans les années 70, plusieurs compagnies privées sont entrées en concurrence avec le Service Maritime Départemental et ont affrété des bateaux pour desservir les îles du Finistère, comme la compagnie « les vedettes armoricaines ». Cette compagnie a fait la traversée avec un prototype d’hydroptère construit en Russie, le « Cometa ». Ce navire n’était pas adapté aux conditions difficiles de la mer d’Iroise, et il a rapidement été abandonné.

 

Le "Cometa" au port du Conquet. Extrait de "Liaisons maritimes" de Paul Masson (1974)

 

Dans les années 60 la pêche déclinait. Des pêcheurs ont alors aménagé leurs bateaux pour faire du transport de passagers. C’est le cas de Denis Masson, ancien compagnon de la France Libre, et du « Gai compagnon » aménagé en 1967.


En revenant d'Ouessant à bord du "Gai compagnon". Extrait de "Ouessant 68-69" de Jean-Pierre Gestin.

Deux autres anciens bateaux de pêche l’ont aussi fait : « le Notre Dame de Paris » propriétaire Eugène Squiban et le « Notre Dame des Flots » propriétaire François Kerné.


Embarquement de touristes pour une balade à Quéménez à bord du "Notre-Dame de Paris" et du "Notre-Dame des Flots". Extrait de "Ouessant 68-69" de Jean-Pierre Gestin

Ces bateaux pouvaient prendre six passagers et faisaient Molène-Le Conquet en 1h15-1h30.

Le coût du transport était de 60 francs que l’on soit 6 sur le bateau ou seul. Ces pêcheurs profitaient de ces traversées pour aller vendre leur pêche au Conquet : sur le bateau on trouvait donc des passagers, mais aussi du homard, des langoustes, des crabes et du bouët.

Ce moyen de transport annexe était très apprécié par les jeunes de l’île. Lorsqu’ils étaient sur le continent, ils savaient que, quel que soit le jour, ils « auraient une occasion » au Conquet : c’est-à-dire qu’ils trouveraient un pêcheur Molénais prenant des passagers.

Dernières Actus

Présentation de la Résidence

La Cinémathèque en résidence sur l'île Molène du 25 mai au 1er juin 2010




La Cinémathèque conserve en dépôt une trentaine de films sur l'île Molène et son archipel. Nous avons décidé d'aller directement sur l'île pour tester un type de résidence de documentation.

Le but était d'enrichir au mieux les films et de comprendre la valeur des images grâce aux témoignages des Molénais. Nous projetions les films à des petits groupes de trois ou quatre personnes qui nous apportaient leur connaissances sur les activités présentées à l'écran, et qui nommaient les personnes reconnues. Nous voulions également aller au-delà, cerner les particularités du territoire et comprendre les réalités passées et présentes de l'île, avec comme point de départ ces images amateurs.

Ces pages sont celles du carnet de bord de l'équipe qui a mené cette expérience. Elles présentent, au fil des journées, l'organisation du travail, les rencontres, les témoignages, des extraits de films projetés en rapport avec les thématiques abordées.












Il faut préciser que les témoignages reproduits ici sont une synthèse des longues entrevues qui ont été de cours pendant la résidence. Même si certains propos sont entièrement attribués à une personne unique, dans un souci de rigueur scientifique, nous avons projeté les films à plusieurs personnes différentes pour croiser les témoignages. Les propos reproduits ici sont la synthèse de ces croisements.

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