Aux Antilles, le trigonocéphale — serpent redouté et pourchassé — incarne à la fois la peur, l’histoire coloniale et la mémoire collective. Introduite dans les plantations, la violence contre ce « fléau » reflète le rapport de domination exercé sur le vivant. Mais au-delà de la peur, ce serpent devient un symbole : entre mythe, nature et récit, il traverse les mémoires comme une présence insaisissable.
À travers ce travail photographique, l’artiste tente de reconstituer une iconographie fragile, faite de fragments et de strates, où se mêlent histoire, croyances et imaginaires collectifs. Chaque image interroge : que faire du serpent, porteur à la fois de stigmates coloniaux et de puissances vitales ?
Aujourd’hui, alors que la Martinique s’émancipe de symboles hérités de la colonisation, Ô Bet’long rappelle que le serpent reste aussi gardien d’un équilibre. Il nous invite à une attention nouvelle au vivant — une philosophie de patience et de réconciliation.
Un extrait de Club Méditerranée : La Martinique de Pierre Kerfriden (1972) complète le parcours de l’exposition. Par ailleurs, le photographe Thibault Cocaign a fait partie de l'équipe de la Cinémathèque de Bretagne en tant que Volontaire en Service Civique en 2018.
Exposition dans le cadre des Rencontres Photographiques de Guyane.