2 films réalisés à partir d'archives de la Cinémathèque de Bretagne pour le spectacle la pièce "Les anciens des baraques", texte et mise en scène Clarence Dany.

"Bellevue, Bergot, Landais, Bouguen… Au lendemain de la Libération, autour de la ville dévastée, les baraques fleurissent pour loger les Brestois qui ont tout perdu. Ces constructions n’étaient pas faites pour durer. Pourtant, beaucoup y passeront 30 ans : le temps de la Reconstruction.
30 ans, ce n’est pas anodin. En 30 ans, le provisoire devient quotidien, la cabane une maison, le camp un village qu’on ne veut plus quitter, même pour une vie plus confortable dans un HLM.
C’est de cette vie qui a marqué à jamais les Brestois que parle la pièce de Clarence Sophie Dany, metteur en scène, fille d’une ancienne des baraques. Immigrée en Australie, sa mère lui parlait souvent de cette époque où « on n’avait rien et on faisait avec », où « la famille était le centre du monde », où « la vie était chaleureuse ». « Après avoir traversé quelque chose de très dur, ils ont su apprécier la paix et les petites choses essentielles », analyse Clarence.
Installée à Brest depuis 5 ans, elle a rencontré une dizaine de témoins qui ont inspiré les personnages de sa pièce. Tous ont évoqué les mêmes bons souvenirs d’une vie d’affection, où on se sentait en sécurité, où on partageait tout quel que soit son rang social. « Ils se sont tous retrouvés dans les mêmes baraques. Ils devenaient égaux. » Égaux devant le confort et la promiscuité. « On voyait tout, on entendait tout. On ne pouvait ignorer les autres. » On ne pouvait que vivre dans l’intérêt et le souci de son voisin.
Clarence Sophie Dany en est persuadée : les baraques ont transformé le caractère des Brestois. Une philosophie qui s’est transmise par l’éducation aux générations successives, au point qu’on en apprécie toujours les résurgences. « Il y a un esprit qui découle de ses baraques. Un sens de la communauté, une ville qui se soutient, un caractère tenace mais généreux à l’extrême. » Adèle Flageul.