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Claude Beaudouin [37582]

2023 précisément | Rémi DUQUENNE

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Film amateur | Bretagne

Ce film n'est pas disponible. Pour plus d'informations, contactez-nous.

Entretiens avec Claude Beaudouin à Saint Nicolas de Redon et à Redon, témoignant du métier de marinier et de sablier. Ces entretiens menés par Catherine Martial et Rémi Duquenne (membres de l'association pour la valorisation des territoires fluvio-maritimes)sont agrémentés de photographies (les divers bateaux de la famille : le Berceau du marin, La Lorraine, le Charles, Le grand Charles, Pays de la Loire) et d'un extrait vidéo.

Claude Beaudouin débute sa carrière à 16 ans, puis se spécialisé dans l'extraction et le transport de sable. En 1972, il crée les sablières de l'Atlantique.

Le documentaire se décompose en quatre chapitres :

-Chapitre 1 : L'enfance. Durée 23'30''.

Issu d'une famille de mariniers, Claude Beaudouin est né le 19 mai 1935 à Saint-Nicolas-de-Redon sur la péniche le berceau du marin, amarrée en face du 10 quai de l'écluse.
Il est le benjamin d’une fratrie qui compte deux sœurs, Georgette, née en 1930, et Denise, née en 1932.

Les mariniers transportaient alors diverses marchandises sur le canal de Nantes à Brest et sur la Loire. Il est né sur le bateau le berceau du marin, que son père Charles Beaudouin (1903-1951) avait acheté après la guerre 14-18. D'abord nommé Le Démocrate, son propriétaire d'alors mort pendant la guerre, ce bateau est nommé le Berceau du Marin par son père qui motorise le navire. Son oncle et son grand-père paternel étaient également marinier et possédaient le bateau l'Etoile du Marin. Il a peu navigué à la "bricole", c'est-à-dire en tirant le bateau avec un cheval.
Il évoque le souvenir de son grand-père marinier de Montjean qui naviguait sur une Loire avec une navigation à la voile et des remontées à la perche malgré le courant, démâtant ("affalant ») à chaque passage de pont. Les mariniers transportaient alors sel, bois et toutes marchandises. Les toues naviguaient alors sur la Loire jusqu'à Saumur où certains vendaient leurs bateaux pour redescendre avec du bois en le tirant du chemin de halage.
Les mariniers vivaient surtout sur leurs bateaux, où ils campaient. Certains disposaient d'une maison dans laquelle ils passaient de temps en temps.

C'est son père qui lui a appris à nager à l'aide d'une corde dans le canal.
Adolescent, il couchait dans la cabine avant du bateau où le bois était givré à l'intérieur par le grand froid en hiver. Il n'y avait pas de chauffage à bord à cause des morts par asphyxie.

Il passait ses vacances à Redon chez ses grands-parents maternels et il est mis en pension à Saint Joseph à Redon.

La vie de la marinière à bord était occupée par la réalisation des repas, l'entretien du linge et de la lessive. Sa mère Georgette Beaudouin (1908-2011) aimait effectuer sa lessive quand le bateau était en charge car le pont était alors proche du bord de l'eau. Le linge était ensuite séché sur un fil sur le pont du bateau. Le ravitaillement s'effectuait aux épiceries de Redon, Blain et Nantes. Ses parents allaient peu à l'épicerie de Guenrouet qui était plus loin du canal car il fallait marcher. Il y avait alors 54 péniches sur le canal. Sa mère tenait la barre comme son mari. Elle remplaçait le matelot quand il était absent, faisait ralentir le navire aux écluses, amarrait le bateau.
La famille avait une maison dans laquelle la famille se rendait pour le ménage et pour y dormir : cela changeait des nuits sur le bateau sur lequel il y avait toujours des bruits car "on entendait vivre le bateau".

Il a connu l’occupation avec l’arrivée des Allemands (des soldats sur des motos) en juin 1940 à Redon, puis la Libération des Américains.

Pendant la guerre le chaland le Berceau du Marin est réquisitionné par les Allemands qui l’amènent à Lorient près de la base sous-marine en construction. Après la guerre, ses parents retrouvent le bateau à Lorient sur la plage de Lochrist où il avait été échoué. Ses parents effectuent le trajet Redon-Lorient à vélo. Le moteur du bateau a disparu. Le couple récupère une épave qu’il faut ramener par la Vilaine à l’aide d’un cheval qui le traine sur le chemin de halage. Le bateau est en réparation pendant de nombreux mois à un chantier à Redon car il faut rassembler les fonds et l’on manque de matière première.

La demande en sable est importante après la guerre notamment pour la reconstruction de Nantes et de Saint-Nazaire. A cette époque, ils transportent aussi du bois et des cailloux pour refaire les routes.

Chapitre 2 : l’entrepreneur. Durée 19’15’’.

Claude Beaudouin perd son père subitement en 1951. Le Berceau du Marin reste trois mois à quai sans activité et l’argent vient à manquer. Il a 16 ans et reprend l’activité de marinier de son père sur le canal. Il décide de draguer le sable en Loire d’abord avec l’aide d’un ouvrier marinier, puis seul. Il trouvait que les ouvriers buvaient trop. Il reste seul avec sa mère sur le bateau. Il obtient une dispense pour passer son brevet de navigation fluvial à 16 ans (l’âge requis était alors de 21 ans). Cette dispense lui est donnée par le président du port autonome de Nantes-Saint-Nazaire Charles Simon. Il peut alors naviguer et diriger sur des chalands de 1300 tonnes maximum. Il embauche alors un ami Gaby Maho qui avait 15 ans. Malgré leur jeune âge, les deux mariniers ne s’en laissent pas compter par les anciens. Le soir, ils se mettaient « le nez dans l’écluse » pour être les premiers à passer l’écluse. Passer les ponts et les écluses étaient ensuite une habitude. Aux écluses, il y avait 5 cm de chaque côté entre le bateau et la maçonnerie. Entre Redon et Nantes, il y a 17 écluses et une trentaine de ponts.

Lors de son service militaire accompli en Algérie en 1957 dans le Sahara, il découvre un sable impropre à la fabrication du béton, les invasions de sauterelles et les mirages.
Pendant cette période d’absence à cause du service militaire, le bateau est loué à Angers. Sa mère ouvre alors un dépôt de sable à Redon où elle installe deux grues : elle déchargeait et chargeait elle-même vendant son sable aux entreprises du bâtiment, peu pour les maraichers. Sa mère était associée avec Roger Boiret, marinier du bateau « L’idéal ». Sa mère pouvait aussi être affrétée en sable par d’autres mariniers.

En 1963, il s’installe à la Jolennière sur l’Erdre et achète le bateau La Lorraine pour l’extraction du sable en Loire. Sa mère lui prête une grue. Cette activité fonctionne bien. Mais le site de la Jolennière impose de fonctionner avec les marées pour le passage du canal saint Félix et cela lui fait prendre du temps. Il décide de s’installer à Sainte-Luce-sur-Loire près d’un site d’extraction de sable vers la Colonie San-Francisco. Il livre le sable pour les maraichers et la construction (notamment le stade de la Beaujoire, la prison de Nantes).
Il y a également une évolution dans le chargement des bateaux : les bateaux sont munis de grues et récoltent le sable en trois quart d’heure. La dragueuse à godets La Chézine fonctionnait encore et récoltait le sable en une demi-heure.
Son grand-père chargeait également du sable sous le pont transbordeur.

Chapitre 3 : l’industriel. Durée 20’41’’.

Assez tôt Claude Beaudouin collabore avec les chantiers Merret de Nort-sur-Erdre. Les Merret faisaient évoluer la construction des bateaux.
C’est l’époque pendant laquelle, il devient entrepreneur en cette période de reconstruction avec Saint-Nazaire, avec la construction du pont de Saint-Nazaire (grâce à un marché avec le port autonome). L’extraction du sable se faisait par millions de tonnes.
Les chantiers Merret ont adapté la taille des bateaux à cette évolution. Claude Beaudouin était allé observer les hollandais, les « maitres du dragage ».

Images de film tourné en mer lors d’extraction de sable.

Claude Beaudouin avait alors 12 bateaux, 12 camions semi-remorques, 50 hommes et un dépôt à Sainte-Luce-sur-Loire. Les bateaux Charles et Le Grand Charles (bateau disposant dans son fonds d’un système de clapets, 75 m de long, 10,50 de large) draguaient le sable vidaient le sable par le fond, puis une dragueuse récupérait le sable.

La construction du Grand Charles est exécutée par les chantiers Merret pour être démontable au passage du canal Saint Félix (qui ne fait que 7 m de large). Le bateau a été déconstruit par tronçons avant le passage du canal. Puis le Grand Charles est reboulonné et reconstruit sur le dock atelier des côteaux au Pellerin pour la coque. Il est terminé quai de la fosse à Nantes pour les superstructures.

Le Grand Charles effectuait l’extraction du sable en pleine mer (l’extraction du sable en Loire devenant compliquée car la Loire charriait moins de sable que l’on en extrayait). On extrayait 1M600 tonnes par an ce qui était trop et cela ne pouvait pas durer.

Le bateau « Pays de La Loire est un bateau que Claude Beaudouin achète à Düsseldorf : les chantiers Merret en effectuent les transformations à Saint-Nazaire (capacité de 2500 tonnes, pompe de 7 tonnes, moteur de 1500 CV). Un camion de fuel de 30.000 tonnes par semaine était utilisé pour alimenter les bateaux en carburant. Le travail se faisait 24 heures sur 24, avec un travail sur deux équipes travaillant selon la méthode des 7/7 (7 jours à bord, 7 jours de repos) constitués de 24 marins.

L’extraction en sable de mer a été autorisée par l’ingénieur du port autonome M. Brossard. Il draguait le sable de Donges au pont de Saint-Nazaire. Lors du creusement du chenal méthanier de Montoir, l’entreprise récupère le sable ce qui leur permet de constituer un stock.
L’autorisation de draguer en mer était très précise et donnée par Ifremer qui donnait les secteurs et les affaires maritimes contrôlaient les zones.

Chapitre 4 : retour à Redon. Durée 4’08’’.

Après avoir vendu ses sablières à Sainte-Luce-sur-Loire et à Saint-Nazaire, il prend sa retraite à Redon où il ouvre une sablière pour occuper son temps. Les bateaux Le Grand Charles et Le Pays de La Loire transportent le sable sur La Vilaine. Il n’y avait à Redon à l’époque qu’une seule centrale à béton. Il vendait 100.000 tonnes par an. En 2022, il y a deux centrales à béton à Redon et le sable est transporté par camions de 35 tonnes. Il a vendu sa sablière à l’entreprise Charrier.

Réalisateur : Rémi Duquenne, Créations Mon Rêve.fr. Musique « Marinier dur métier » Jacques Le Tallec, les gardons de R’don. Financement : les sablières de l’Atlantique, 87 rue Louis Pasteur, Montoir-de-Bretagne.



Tandis que Claude Beaudoin part pour l’Algérie en 1957, sa mère se lance dans le commerce du sable par voie fluviale et ouvre son dépôt, au pied même de la Digue et du Canal, non loin de la maison familiale. Une affaire qu’elle tiendra jusqu’à sa retraite, en 1967.
À son retour d’Algérie, Claude Beaudouin a su, avec la même énergie et détermination que sa mère, poursuivre une carrière dans l’industrie du sable de Loire, de l’extraction à la livraison. Il fonde les Sablière de l’Atlantique et est à la fois patron et armateur. Son entreprise se développe bien, des quais de Sainte-Luce-sur-Loire jusqu’à Saint-Nazaire, en passant par Nantes.
Les chiffres de livraison de sable de la société Beaudouin sont exponentiels. Des milliers de tonnes sont livrées dans les années 1970 à Sainte-Luce. Dans les années 1990, ce sont des millions de tonnes. Pour la seule année 1990, 1 351 584 tonnes de sable ont été livrées par nos bateaux, le Pays de la Loire et le Grand Charles.
« On n’oublie pas ses racines »
À son départ à la retraite, il cède son entreprise au groupe Charrier, pour revenir dans la maison familiale, quai de l’Écluse, à Saint-Nicolas. On n’oublie pas ses racines », assure-t-il.
À 87 ans, il reste profondément attaché au Canal, lui qui a été l’un des artisans de la création du musée de la Batellerie de Redon. Claude Beaudouin continue à porter haut et avec fierté les valeurs de son héritage familial.

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