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Finistère, voyage en 1935.
Commune de Saint Jean Trolimon, église de Tronoën et son calvaire, bigoudènes devant le porche. Plozévet, monument aux morts avec un breton et un menhir réalisé par René Quillivic, goémonier en baie d’Audierne, charrette de goémon, brûlage du goémon, repas d’une famille de goémoniers très pauvre, poule, chiens, bigoudènes en coiffe de travail. Touristes à la Pointe du Raz, « Hôtel de la Pointe, confort moderne » (détruit en 1944 par les allemands), sémaphore, monument de Godebski, mer et falaise, phare de la Vieille bâti de 1882 à 1887 sur le rocher de la Gorlebelle. Eglise de Comfort. Pointe Saint-Mathieu, monument national dédié aux marins de la guerre 1914-1918 en pierre de Kersanton avec un buste de femme en coiffe de deuil de René Quillivic inauguré en 1927. Calvaire de Plougonven. Au pardon de Notre Dame de Tréminou, à Pont-L’Abbé, bigoudènes en coiffe rentrant à l’église, joli portrait, hommes en costume, bébé dans son landau buvant son biberon, stand, autocar, vélo, monument aux morts de Pont l’Abbé (réalisé par le sculpteur René Bazin en 1931 et qui représente 5 générations de femmes en coiffes et en costumes pleurant leurs marins, époux, frères péris en mer), situé près de Notre Dame des Carmes, quai Saint-Laurent, vieille bigoudène cherchant de l’argent dans son porte-monnaie, fête foraine : bigoudènes devant et sur les manèges, casse-gueules.
Au Rocher (maison de campagne d’amis en Mayenne) en août 1932. Familles et amis Grat, Fournier, Guilloux, Mme Lacoulonche, famille à la campagne, pêche avec hameçon (M. Grat mettant des vers), baignade, saute-mouton, déguisement (M.Grat et Lola), André s’habillant. Mai 1934 au Rocher, toutou, barrière coincée, chien. Septembre 1934, un lapin mort, chat.

Odette Guilloux, épouse Périn (1904-1995) est issue du mariage en 1901 de Mme Vve Baugé, née Loiseau (1870-1971) avec M. Louis Guilloux. Le premier mari de Georgette Loiseau , M. Charles Baugé décède en 1900, et son épouse, femme énergique et intelligente, développera, avec son nouveau conjoint, le commerce de quincaillerie en gros, métaux non ferreux, à Laval. L'entreprise fournit tout l'Ouest et se trouve dépositaire de la marque de la " Vieille Montagne " à Hennebont. 

Issue de la bourgeoisie commerçante de Laval, Odette Guilloux n'aura aucune activité professionnelle. En 1929, ses parents lui offrent une caméra Pathé Baby. Disposant de temps libre, elle s'adonne à divers hobbys comme la photographie (qu'elle pratique avec sa sœur aînée, mère de Monique Sarazin, dans la maison du quai à Laval, où elles installent une chambre noire), le théâtre (elle joue la comédie dans une troupe d'amateurs de 1930 à 1936), pratique le dessin et l'aquarelle et s'exerce avec habileté à de nombreux travaux manuels (broderie) et de décoration. 
En même temps, elle prend des cours de chant (répertoire d'opéra) et se produit dans des spectacles locaux où elle remporte quelques succès. 
Elle pratique la pêche dans la rivière La Mayenne. Elle confectionne de la pâtisserie et des petits-fours. Plus âgée, elle se passionne pour les fleurs de son jardin. 
Elle possède le fil d'un photographe et sait immortaliser le bon instant qui laissera passer une émotion ou une situation amusante. Son tempérament gai, son côté épicurien, sa spontanéité, son assurance surprenante laisse transparaître une joie de vivre. Elle cherche à rendre plus agréable la vie quotidienne. 
Sa vision est contemplative, parfois espiègle, mais toujours empreinte d'une certaine tendresse. Quand elle se laisse filmer, elle confie la caméra à sa sœur. 
Les vacances que la famille passe à Pornichet lui permettent de filmer le cercle familial. Vers 1927, son père loue la villa " Les lianes " (avenue Gabrielle), puis vers 1930, il achète la Villa Welcome (avenue Collet, derrière l'Hôtel de l'Océan). La villa Welcome a été construite vers 1910 pour une mondaine parisienne - que l'on disait artiste et qui l'aurait peu fréquentée - et elle est vendue avec tout son mobilier et la vaisselle (faïencerie bretonne). À cette époque, la villa est encore entourée de nombreux pins. La villa comporte deux étages, dispose de six chambres, d'une grande cuisine et d'un petit salon, d'une salle à manger, d'une salle de bain et au rez-de-chaussée d'un WC ; il y a l'eau courante et le chauffage central. Les Guilloux viennent en train de Laval avec leur domesticité. La famille les rejoint durant l'été. Les épouses restent avec les enfants et les maris arrivent en voiture pour le week-end. 
La villa est vendue au décès de Mme Guilloux. Elle est démolie et le terrain sert à l'édification de l'immeuble " Concorde " en bord de mer. 

Les films réalisés pendant les vacances sont montrés, durant l'hiver à Laval, dans le cercle familial et à des amis. Les scènes avec les "domestiques " faisant le café et la lessive se déroulent dans le jardin de la Villa Welcome. L'une d'elles, dévouée et active, restera jusqu'à sa mort au service de Mme Guilloux, l'autre, surnommée Nana par les enfants, servira Marie-Louise Fournier. 

Pendant la guerre, Odette Guilloux photographie Laval bombardée. Ses films tournés précédemment, restés dans la maison de Laval occupée par les Allemands, seront débobinés par ceux-ci et abandonnés en vrac. Odette Guilloux les remet en état dans les années 50, lorsqu'elle recommence à filmer le cadre familial. 
Elle procède elle-même au montage de ses films, y incluant des titres et rédige des fiches manuscrites avec le détail de ses prises de vue. Ses films continuent de montrer son quotidien estival, et retracent ses voyages en Italie, en Corse ou en Mayenne.

Odette Guilloux se marie à l'âge de 42 ans avec un veuf, M. Charles Perin. Elle a peu voyagé, si ce n'est en France, en Italie et en Corse. Autodidacte, elle a cependant fait partie d'un club de cinéaste amateur après la guerre, sans toutefois participer à des concours. Bien que fréquentant des amis cinéastes, elle n'est pas vraiment cinéphile. 
À partir de 1984, elle cesse de filmer, mais pratique encore un peu la photographie. Elle décède 11 ans plus tard, laissant derrière elle des heures de films magiques, retraçant avec curiosité et tendresse, des moments de bonheur de la famille Guilloux.

 

Propos recueillis auprès de M. et Mme Sarazin le 14 avril 2004.

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