S'appuyant sur le célèbre tableau, mais exploitant également d'autres peintures, d'autres sculptures de Picasso, le film rappelle le massacre du village basque de Guernica, en juillet 1937, par l'aviation nazie venue secourir Franco. Un texte inspiré d'Eluard, merveilleusement dit par Maria Casarès, sert de commentaire au film et transforme ce constat d'un crime en un chant d'appel de l'humanité à l'invincible espérance, même lorsque la violence la plus injustifiable incite au désespoir. Mémoire, oubli, conscience : on reconnaît les thèmes familiers à Resnais. Ce cri de dignité et de protestation tire aussi sa force d'un montage admirable où l'image épouse parfaitement les élans du texte. C'est également l'un des premiers exemples où la caméra, délaissant les cadres du tableau, pénètre à L'intérieur de celui-ci pour analyser, explorer les moindres vibrations de la peinture afin d'en extraire toute sa signification, et où le cinéma s'affirme ainsi l'un des plus extraordinaires instruments d'analyse de l'oeuvre picturale.