Un homme qui se noie, cela ne fait pas de bruit.

1987. Sur les côtes de France, 3 200 sauveteurs composent les équipages de la SNSM, Société Nationale de Sauvetage en Mer. De jour, de nuit, l’été, l’hiver… Les alertes ont lieu à tout moment, ils y répondent toujours. Ce n’est pas leur métier, ils sont « bénévoles ».

Marins venant en aide à d’autres marins, les hommes du sauvetage parlent peu. « Autrefois, c’était une solidarité entre les pêcheurs, maintenant c’est à 80 % pour les plaisanciers. » dit Léon Le Parmentier, 73 ans, le patron du « Raz Blanchard ». Avec sa petite équipe, ils veillent sur les eaux tumultueuses du Cap de la Hague.

La caméra nous les montre au cours d’alertes réelles. Un véliplanchiste à bout de force, l’équipage d’un voilier face à une voie d’eau, un marin pêcheur en dérive depuis 24 heures, un autre recueilli dans son canot de survie en pleine nuit de novembre… Gros temps, navigation dans les cailloux. Urgence tissée d’angoisse.

Les mots, ce sont les femmes qui les diront.

« Ils ont plaisir à être ensemble. Ils en « bavent » parfois mais ils prennent aussi leur pied !

Au début de notre mariage, je supportais mal ces départs précipités, parfois au milieu d’une fête de famille… J’étais jalouse de ce canot, j’en souffrais. »

« Au retour, quand tout s’est bien passé, ils parlent. On a plaisir à les écouter. Nous sommes fières de ce qu’ils font. Quand il y a des disparus, cherchés en vain, ou des noyés qu’ils ramènent à terre… Là, c’est autre chose. »

Porté par la musique de Bach - L’Offrande musicale – le « Raz Blanchard » affronte les vagues qui déferlent. Les embruns volent. La musique se prolonge sur les visages… Avec pudeur et émotion, ce film trace les contours d’une aventure maritime qui est aussi une expérience intérieure. Une vie que l’on sauve, cela ne fait pas de bruit !

. Primé au Festival du Film de cinéma de Saintes, Sélectionné par Intermédia pour faire partie d’une collection de films ethnographiques qui circulent à l’étranger