« Moi, je veux faire que ce qui me plaît. Et surtout, ne pas faire ce qui m’embête. Mais ça, c’est pas une façon de mener sa carrière, c’est une façon de mener sa vie ». Et quelle vie !

Simone a vécu. Elle a été femme fatale au cinéma, femme amoureuse dans la vie, elle a croisé les plus célèbres, milité contre les plus puissants, travaillé avec les plus talentueux. Et à chaque fois, elle a laissé l’empreinte heureuse ou malheureuse de ces moments s’écrire sur son visage. Avec une obstination sans faille, elle a refusé de se laisser enfermer dans des clichés de papier glacé, de passionaria, de cocue éperdue, d’alcoolique, ou de monstre sacré, traçant ainsi un singulier chemin. Celui d’une artiste sincère qui, faisant fi des ragots et des préjugés, décida de se laisser vieillir au regard de tous, et s’offrit ainsi le bonheur et la liberté des grands rôles, à un âge où ses consoeurs avaient pour la plupart disparu des écrans.

Simone Signoret, c’est le XXe siècle. C’est Saint Germain des Prés sous l’occupation, les grands engagements politiques et les désillusions, plus grandes encore. C’est une certaine idée du cinéma, et du regard porté sur les femmes. C’est un destin d’actrice à contre courant de son époque. Mais d’une insolente modernité.

Elle l’avait bien dit, de sa voix rauque et légèrement sifflante : « Un jour, entre adorable à croquer et intéressante, j’ai choisi d’être intéressante. » Sûrement que juste après, elle avait exhalé une dernière taffe de sa cigarette et écrasé son mégot.