Tro War Dro du 14/10/06 - Morgane Cotten - Kinniget gant Mikael Baudu.

Penaos e vev ar studierien er Skol-Veur, ha penaos o deus bevet manifestadegoù ar CPE ?
Morgane zo e Master 1 Brezhoneg e Skol-Veur Roazhon 2. Graet he deus a bep seurt studioù a-raok (sokiologiezh, skol klañvdiourezh ha psikologiezh…) : diaes eo bet dezhi dibab un hent diouzhtu. Diaes eo gouzout war beseurt tachenn pe studioù mont goude al lise hag ar vachelouriezh. Goude an aotreegezh e vez ur soñj spisoc’h gant ar studierien, framm ur raktres a zo neuze. François Goulard a ginnig en em enskrivañ abretoc’h er Skol-veur evit gwelet ma vo plijet ar studierien, met hervez Morgane eo ur seurt « épuration » pe dibab en a-raok deus ar studierien… Ne fell ket dezhi e teufe ar skol-veur da vezañ ur skol «excellence». Pouezus eo heñchañ an dud hervezi met ret eo dreist-holl degemer an holl evel m’eo bet graet atav. Ar skol-veur zo un digoradur war bep tra hervezi, ha ret eo ivez ma teufe da vezañ fetisoc’h. Fellout a ra dezhi bezañ skolaerez arbenniket, neuze vo ret dezhi ober ur stummadur ouzhpenn evit deskiñ ar vicher. Gant un aotreegezh e c’heller memestra bezañ kelenner erlerc’hier da skouer.
Morgane zo er mare-mañ o klask ul lojeiz, met diaes eo dezhi kavout unan dereat gant 350€/miz. N’eus nemet 31% eus ar studierien a vez sikouret gant ar CROUS. Buhezourez eo ouzhpenn d’he studioù evit gellout kaout arc’hant : labourat a ra 20 eurvezh bep sizhun. En doare-se n’eus ket tu bezañ aketus er c’hentelioù neuze e vez ret adpakout gant ar re all, diaesoc’h eo heuliañ un aotreegezh evel-se.
E-pad an nevez-amzer e oa bet gwelet miliadoù a studierien o vanifestiñ a-enep d’ar CPE (Contrat Première Embauche). E Roazhon a oa kroget an traoù a-raok Pariz, e miz C’hwevrer. Goulennet o deus ma vefe tennet al lezenn war ingalded ar chañsoù, ouzhpenn d’ar CPE. Eviti eo bet selaouet ar sindikadoù bras hepken ha n’eo ket trawalc’h e vefe bet tennet ar CPE. Hervezi e oa ur stourm hollekoc’h, war an aergelc’h a zo tro dro d’ar re yaouank ivez da skouer. Kentelioù oa bet nullet e-pad 2 viz e-pad ar vanifestadegoù-se. Ret zo bet adtapout e-pad an hañv… Roudoù a chom eus ar stourm, etre ar studierien zoken, pa oa reoù a-enep d’ar vanifestadegoù pe d’ar fed stankañ ar Skol-veur, ha reoù all a-du.
Embannadurioù nevez : Pladenn « Jabadao » gant Gaby Kerdoncuff.

Comment vivent les étudiants à l’Université, et comment ont-ils vécu les manifestations anti-CPE ?
Morgane est en Master 1 de Breton à l’Université Rennes 2, après s’être essayée dans plusieurs autres filières (sociologie, école d’infirmière, psychologie…) : elle a eu du mal à trouver sa voie. Il est toujours difficile de s’orienter professionnellement après le lycée et le baccalauréat. Les étudiants y voient souvent plus clair après leur licence, et peuvent alors esquisser un projet. François Goulard a proposé de faire inscrire les lycéens plus tôt à l’Université afin qu’ils puissent voir si c’est ce qui leur convient, mais Morgane n’est pas de cet avis : selon elle, ce serait une sorte « d’épuration », une pré-sélection des étudiants en amont. L’Université ne doit pas devenir une « école d’excellence ». Il est absolument nécessaire de mieux orienter les jeunes après le bac, mais l’Université se doit d’accueillir tout le monde comme cela a toujours été le cas. Selon elle, ces études, même si elles n’aboutissent pas toujours, permettent une ouverture sur plein de choses. Il serait bien cependant de proposer dans les formations des parcours un peu plus concrets. Morgane a décidé de devenir institutrice, elle devra pour cela faire une formation supplémentaire pour apprendre le métier. Avec une licence de breton, il est tout de même possible d'être enseignant en remplacement par exemple.
Morgane est actuellement à la recherche d’un appartement, mais elle a du mal à trouver un logement correct pour 350€/mois. Seuls 31% des étudiants peuvent obtenir une bourse du CROUS. Afin de financer ses études et vivre au quotidien, Morgane est animatrice 20 heures par semaine, ce qui l’empêche d’être assidue aux cours. L’obtention de la licence est donc plus difficile car elle doit récupérer les cours auprès d’autres étudiants.
Des milliers d’étudiants sont descendus dans les rues au printemps pour demander la suppression du CPE (Contrat Première Embauche). Le mouvement à même commencé à Rennes bien avant Paris, en février. Cependant, les revendications de Morgane et de ses camarades portaient également sur le retrait de la loi sur l’égalité des chances : les syndicats nationaux, qui ont en quelque sorte récupéré le mouvement, se sont satisfaits du seul retrait du CPE. La mobilisation et les revendications étaient bien plus générales : c’est tout l’environnement précaire qui touche les jeunes qui était visé. Durant deux mois, les cours ont été annulés : il a donc fallu les rattraper au début de l’été afin de passer les examens. Désormais, les relations entre les étudiants seront marquées, parfois meurtries, entre les étudiants anti-manifestations ou anti-blocage et les leaders de la contestation.
Nouvelles éditions : Album « Jabadao » de Gaby Kerdoncuff.