Un cinéaste à l’épreuve de la censure

En tant que cinéaste, de quoi choisit-on de parler ou de ne pas parler ? Dans l’ensemble de sa trajectoire, René Vautier s’est confronté avec rigueur à cette question. Son itinéraire professionnel engage ainsi non seulement à essayer de nous plonger dans l’histoire de la censure en France mais aussi dans celle du refus comme de l’acceptation de la censure et de l’autocensure. Pour Emmanuel Barot, « L’étude des trous, dans l’histoire écrite en images, des films pourchassés, interdits ou tués dans l’œuf est plus instructive pour les historiens que l’exégèse des films achevés ou consacrés : les actes de censeurs, mettant en pratique les tendances répressives des pouvoirs en les exagérant parfois sont plus révélateurs que bien des analyses basées sur les déclarations des responsables politiques ».  Si la censure est la limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d’expression, son action sur les films de Vautier permet d’éclairer les discours sociaux et les éléments discursifs de l’idéologie française dans le contexte de la guerre d’Algérie. Elle se manifeste comme un instrument du pouvoir qui agit sur les productions divergentes de l’idéologie prépondérante et peut ainsi adopter de multiples visages en s’exprimant à travers des mesures répressives culturelles, esthétiques, linguistiques...

Avec sa caméra citoyenne, René Vautier prend et assume le risque d’enregistrer et de diffuser des images en marge des réseaux constitués de la production cinématographique. 

Sommaire : 

◆ Le point de la censure sur la visibilité des films de Vautier

◆ La censure indirecte : Une influence pernicieuse sur les films de Vautier

◆ Amnistie ou amnésie : Vautier face à la justice